Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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J'ai bu la tasse

Se décider en fin d'après-midi. Sauter dans la baignoire. Sortir plein de vêtements et choisir le moins pire. Et enfin, entamer un nouveau livre dans les transports, sûre de ne pas être trop en retard. Commencer la soirée par un Quick, assise en robe du soir devant le Panthéon. Migrer vers un bar à la déco assez surréaliste, avec de la bonne musique et beaucoup de citron dans le Martini. Puis appart' de geek, pour changer. Mégots méticuleusement alignés dans les cendriers. Ordinateur qui annonce l'arrivée de mails quand c'est pas le moment, éclats de rire. Jeux de mains et de mots. Son scotchage devant certaines de mes tournures de phrases. Mon sourire face à ses "ta gueule" et "casse-toi" lorsqu'on touche son intimité de trop près. Son besoin de donner du plaisir sans mesure, et tant mieux. Mes tentatives pour percer les mystères qu'il arbore. Sa constatation que je fonctionne comme un mec, parce que je l'ai dragué, lui ai proposé de dormir chez lui, ai toujours envie de sexe, suis fortement corruptible. Mes mains aimantées vers sa peau intégralement lisse. Ses incohérences travaillées. Ma simplicité à laquelle il ne peut croire, son merveilleux qu'il refuse catégoriquement d'envisager. Ma prévoyance en capotes et son sourire face à mon plaisir. Mon sourire après l'amour qui "n'est plus un sourire, c'est une dissection". Sa peur qu'on puisse l'aimer. Ma main crispée dans ses cheveux. La sienne... hum. Mes questions idiotes qu'un baiser fait taire. Ses pauses clopes innombrables de toxico, mes orgasmes en série, ses moqueries face à mes soupirs de bien-être. Et la tendresse, constante, omniprésente, légère comme un doigt qui effleure la peau, comme des cheveux qui frôlent l'épaule, comme un baiser qui trouve le cou. On s'y enveloppe, on s'en asperge, on l'avale dans l'air, on l'étale pour mieux s'y rouler.

J'ai plongé dans un océan de tendresse. Heureusement que je sais nager, car on n'y a pas pied et on s'y laisserait couler avec bonheur. Dur de respirer de l'air à nouveau en sortant.

Oh bien sûr... je ne l'aime pas, lui non plus n'est et ne sera pas amoureux, et c'est très bien comme ça : mon coeur fait n'importe quoi en ce moment.

Bien sûr, on a sans doute été lâches, c'était pour tous les deux une manière de fuir des histoires difficiles. Et alors? On a partagé de belles choses, quelques moments hors du temps, et j'avais besoin de cette bouffée d'air.

Bien sûr je n'avais pas eu envie de le croire lorsqu'il m'a prévenue qu'il n'assumerait pas, et il faut croire qu'il connait ses faiblesses à force de se les reprocher. J'espère ne pas avoir compliqué sa vie. J'espère qu'il ne disparaitra pas de la mienne. Peut-être même que l'on deviendra amis, c'est ce que j'espère en tous cas.

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Commentaires

1. Le mardi 23 septembre 2003 à 13:15, par Bap*

> J'ai bu la tasse
Beaucoup aimé cette tasse que tu as bu...

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.