Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Messie, mais si

Il faut lire Pierre Bordage. Parce qu'il est français tout d'abord, et que le style est incontestablement meilleur quand il n'a pas subi la traduction. Parce qu'il remue de grandes idées, surtout. De celles qui englobent l'humanité. Bien sûr, les rabat-joie diront que ses livres sont toujours basés sur un héros exceptionnel. C'est vrai, mais c'est sans importance. On ne cherche pas la crédibilité chez Bordage. Et ce n'est pas non plus l'exploit qui lui donne sa force. C'est la recherche des sentiments, et des pensées plus grandes que nous. Et le souffle haletant de ses intrigues où les rebondissements n'ont rien à voir avec un besoin de meubler, mais au contraire vous font découvrir à chaque page de nouvelles idées, de plus grands desseins.

Beaucoup sont devenues des bibles, à commencer par [{L'Evangile du Serpent}->http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2846260141/qid=1067535809/br=1-5/ref=br_lf_b_4/171-1630570-3822643], où l'on suit à travers quatre personnages les préceptes du Messie. Pas celui qu'est venu y'a deux mille ans, non. Pas l'un de ceux qui se font plein de fric avec une secte efficace. Non, celui qu'on attend tous sans même s'en rendre compte, celui qui saurait nous montrer la vacuité de notre mode de vie et nous donner le courage d'en construire un nouveau. Un peu anarchiste, le messie, et ça fait réaliser à quel point l'Eglise a (mal) interprété la Bible, parce que finalement, Jésus de Nazareth fut bien révolutionnaire, de son temps. Je ne suis pas croyante, pas plus après avoir lu ce livre, mais il aide à prendre conscience de notre vie. {(penser à faire une liste des livres que j'ai lus cette année qui ont bouleversé ma vision du monde, il y en a beaucoup, en fait).}

Le premier que j'aie lu, il y a déjà quelques années, c'est [{Wang}->http:www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290311286/qid=1067535863/br=1-8/ref=br_lf_b_7/171-1630570-3822643]. On y voit dans quelques temps une situation mondiale telle qu'un mur sépare les riches et les pauvres. Parce que, n'en déplaise à [Kobal->http:www.kobal2.free.fr/2003_10_01_Archives.html#106739780876643038], les sociétés modernes produisent effectivement "300 fois trop", mais il y a bien vingt "grouillots" qui suent pour le confort de chaque occidental. On les a juste décentralisés, histoire d'avoir moins mauvaise conscience - et puis c'est plus facile de voir à la télé que, là-bas, loin, ils sont malheureux, que d'assumer la gestion de ses esclaves. L'histoire de ce héros qui va, bien sûr, arranger les choses (Bordage est optimiste, soyez prévenus) est annexe. Par contre, l'exposé sur la société est vraiment frappant. Bordage est un politisé, mais pas dans le sens où il défend un parti ; c'est plutôt qu'il se pose les questions de société qui devraient être au centre de nos préoccupations, et que les hommes politiques (merveilleusement secondés en cela par la télévision) éludent avec acharnement.

Celui que je ne vous conseille pas, c'est [{Les Derniers Hommes}->http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290318752/qid=1067535934/br=1-6/ref=br_lf_b_5/171-1630570-3822643]. Publié à l'origine en feuilleton chez Librio, je trouve qu'il n'a pas l'amplitude des autres oeuvres de Bordage. Espérons qu'il ne renouvelle pas cette tentative (d'autant que c'est très frustrant pour le lecteur d'attendre la suite, hein).

[{Les Fables de l'Humpur}->http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290319147/qid=1067535934/br=1-8/ref=br_lf_b_7/171-1630570-3822643] est dépaysant, très. Je l'ai beaucoup aimé mais je ne vous en dirai pas plus par peur de rompre le mystère...

Et enfin, le plus connu, [{Les Guerriers du Silence}->http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2841720861/qid=1067536280/br=1-11/ref=br_lf_b_10/171-1630570-3822643], est un space-opéra spirituel (en trois tomes). Très bon, avec le souffle nécessaire à une telle entreprise, des personnages attachants (il est {aussi} très doué pour ça), des implications métaphysiques. Pas le meilleur du genre selon moi, mais en bonne place malgré tout.

Je sais, j'en zappe quelques-uns. Mais je n'aime pas parler d'une [série pas finie->http:www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2290319937/qid=1067536280/br=1-12/ref=br_lf_b_11/171-1630570-3822643], même si j'attends la suite avec impatience, et puis y'en a quand même [quelques->http:www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/208067627X/qid=1067536666/br=1-18/ref=br_lf_b_17/171-1630570-3822643]-[uns->http:www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/229032793X/qid=1067536666/br=1-1/ref=br_lf_b_0/171-1630570-3822643] que je n'ai [pas lus->http:www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2841721094/qid=1067536666/br=1-4/ref=br_lf_b_3/171-1630570-3822643]. Mais bon, vous aurez compris l'attachement tout particulier que j'ai pour cet auteur :)

Bonne lecture à vous, à bientôt pour de nouvelles chroniques science-fictionnesques!

{(article à lier avec celui-à-venir sur Ayerdhal)}

Trackbacks

Aucun trackback.

Les trackbacks pour ce billet sont fermés.

Commentaires

1. Le jeudi 30 octobre 2003 à 21:29, par Kobal2

> Messie, mais si
Je répondrais bien, juste par mauvais esprit (et pourtant sans mauvaise foi, parce qu'au fond c'est vrai), que les gamins qui transpirent dans les usines Nike préfèrent sans doute ca plutot que de *vraiment* crever de faim, dans le sens mort d'inanition. La ils crèvent juste de faim parcequ'ils ont la dalle, mais juste assez pour être efficaces au boulot. Bref, je suis un peu glauque. Je sais bien tout ça, grande. Je sais aussi qu'une machine a 20 sacs pourrait très bien faire le travail de 40 gosses à dix balles. Mais le fils de fric qui fait les machines préfère les vendre que les donner...Bref, ce post sur l'argent va etre vraiment, vraiment long.

2. Le vendredi 31 octobre 2003 à 15:43, par Solveig

> Messie, mais si
Cool, j'adore quand tu fais des longs posts, comme ça j'ai pas le temps de manger le midi :)

3. Le dimanche 2 novembre 2003 à 15:30, par davux

> Messie, mais si
Ouais, et après c'est moi qui fais des jeux de mots pourris dans mes posts... :)

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.