Paradis
Par Solveig, lundi 24 novembre 2003 à 17:22 :: General :: permalien #81
Attention ! Ecouter Venus en lisant ce post - consigne suggérée par oz
Le paradis est partout où on l'invite. Un soir, assise sur sur un strapontin de la ligne 9, après une longue journée de bureau, avec un livre tout juste entamé dans une main, et un salambô onctueux dans l'autre. A la sortie place d'Italie, face à un groupe de quatre musiciens blacks qui jouent et chantent avec enthousiasme, complètement immergés dans leur musique et d'autant plus présents au monde. Ne pouvoir partir sans leur faire savoir la joie qu'ils m'ont donnée, et pouvant encore moins interrompre ce moment presque sacré tant il est naturel. Alors je leur ai écrit un petit mot que j'ai glissé avec mes pièces, et j'ai repris ma route. Des ressorts sous les semelles, des rythmes dans la tête. Un sourire sur les lèvres, un vrai pas pour quelqu'un, juste qui me dit "Bonjour ! Enfin réveillée ?".
Parce que ça secoue, ces moments où on touche la vie, où on sent le sang circuler avec son oxygène et ses déchets, les pensées remuer sous leur voile d'habitudes. Ces moments qui me deviennent rares, où je suis vraiment-moi. Les claques dans la gueule, ça marche aussi, mais c'est moins agréable. Comme lorsqu'on nous éveille d'un cauchemar. Alors que cet enchaînement de petits bonheurs merveilleux m'a fait ouvrir les yeux en belle au bois dormant dont le temps est venu, en princesse qui (re)découvre les terres dont elle est suzeraine. Où est cet intriguant royaume ? En moi. J'ai tant de terres à cultiver, tant de fleurs à planter ou soigner, ou juste à regarder et sentir. Des fleuves dont le cours m'appelle, des lacs au fond desquels gît quelque trésor, des montagnes à gravir et des pierres précieuses à ramasser pour les disposer sous la lumière d'éphémères arcs-en-ciel. Des alizés salés d'embruns qui m'appellent au large, là où les mirages traînent leurs splendeurs.
Peut-être n'est-ce pas le plus bel empire, mais vous y êtes conviés, seigneurs de contrées à jamais étrangères. Nous comparerons nos failles et nos sommets, nos aubes et nos crépuscules, nos constellations et les soudains artifices qu'y tracent les d'étoiles filantes. Vous me raconterez vos plaines, vos mers et je sillonerai leurs étendues en pensée. Car le malheur de nos pays, c'est d'y être enfermés. Nul ne saura jamais vraiment ce que recèle mon esprit, et je ne peux que deviner vos coeurs. Mais lorsque nous ouvrons les frontières, nous pouvons échanger les produits de nos réflexions, les fruits de notre amour. L'esprit n'est solitaire que s'il est une prison. Ou peut-être le contraire.
Commentaires
1. Le lundi 24 novembre 2003 à 23:18, par U.N.
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