Descente des alpages
Par Solveig, mercredi 19 mai 2004 à 05:37 :: General :: permalien #255
Comme l'a prédit ma soeur , je suis finalement revenue des montagnes. Je comptais passer trois jours à Grenoble, j'y suis restée trois semaines. Je comptais visiter tous les squats, je n'ai vu que la traverse. Je comptais vous faire suivre mes évolutions, je n'ai même pas su donner des nouvelles à ceux que j'aime, ni prendre les leurs...
Me revoilà donc, en décalé. Décalage temporel - je vous raconterai ce que j'ai vécu dès que j'aurai les mots pour, promis, et décalée dans les faits. J'ai eu beaucoup de mal à m'extraire du trou noir, du vortex. Pas parce que j'allais mal, bien au contraire. Mais... parce que j'ai renoncé à avoir un agenda, à planifier des choses à l'avance. Choisi de vivre au jour le jour, pleinement dans chaque instant. Sauf que lorsque l'on est plus attaché par les petites obligations du quotidien, c'est facile de s'éloigner de sa vie. Partir aujourd'hui, ce fut vraiment dur. J'aurais voulu nier le réveil, la date, les engagements. Mais je l'avais déjà fait la veille, et le jour d'avant, et... en attendant plus, je n'étais pas sûre d'en être encore capable.
Alors j'ai remis mes affaires dispersées dans mon sac, marché jusqu'à la gare sous un soleil éblouissant - surtout pour mes yeux adaptés à la pénombre de la chambre, rougis par les larmes et la longue nuit à parler (mais pas seulement). Acheté un billet, trouvé le quai, ouvert mon livre - ne pas réflechir, mode zombie enclanché. Dormi dans le train, pris le bus, visité le quartier par manque d'orientation. Et enfin, frappé à la porte des Tanneries, salué et expliqué mes retards accumulés (les suçons de mon cou m'économisent les détails), mangé chaud et repris contact avec mes mails, les blogs des gens que j'aime. Et enfin, vers cinq heures (mon horloge interne va avoir du mal à retrouver un rythme cohérent), sortir de la salle réseau et m'apercevoir que la maison est obscure, les gens couchés. Arriver dans la cuisine en aveugle. Allumer, découper du pain en regrettant l'absence de grille-pain, tartiner la margarine et éplucher une poire. Et soudain, comme un coup de poing dans l'estomac, réaliser que je vais prendre ce petit-déjeuner nocturne seule, qu'il comblera ma faim mais pas le vide de son absence.
Je suis encore tombée amoureuse. J'ai toujours du mal avec la réalité dans ces cas-là...
Commentaires
1. Le mercredi 19 mai 2004 à 09:04, par Lunar
2. Le mercredi 19 mai 2004 à 11:34, par Marc
3. Le mercredi 19 mai 2004 à 15:53, par licoben
4. Le jeudi 20 mai 2004 à 02:55, par Toinou
5. Le jeudi 20 mai 2004 à 12:36, par Marc
6. Le jeudi 20 mai 2004 à 16:49, par Corsac
7. Le jeudi 20 mai 2004 à 17:22, par Marc
8. Le jeudi 20 mai 2004 à 19:19, par Solveig
9. Le vendredi 21 mai 2004 à 18:52, par Toinou
10. Le vendredi 21 mai 2004 à 19:08, par Solveig
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