Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Solveig Patricksdóttir

C'est mon nom islandais : Solveig, fille de Patrick. Là-bas, tout le monde sait prononcer mon nom. Ils sont même très touchés qu'une étrangère porte un prénom islandais. Eux, ils s'appellent Bjórgun, Sigurdur, Jónthor, Logi ou Kaóre. Eux, ils sont blonds aux yeux bleus pour la plupart, réservés sauf le vendredi et samedi soir après avoir bu de la bière ("Skál!", c'est le mot à connaître pour aller à Reykjavik). Ils parlent une langue pour laquelle il me manque plein de sons, ils vivent dans des décors improbables et trouvent l'idée de forêt étrange (Sven a vécu toute sa vie au pied de Skoðáfoss et il lui a fallu beaucoup de temps pour se rendre compte que cette chute d'eau de 70 mètres est sublime). Moi, j'y suis restée trois semaines, accompagnant les parents dans leur reportage. Nous sommes restés quelques jours à Reykjavik, la capitale, puis avons fait le tour de l'île en une semaine, encore une semaine à Reykjavik et trois jours en 4X4 dans le désert de l'intérieur. J'ai rencontré des gens, et même un amoureux. J'ai vu des cascades par centaines, des maisons de hobbits couvertes d'herbe, le chantier de ce qui sera le plus grand barrage d'Europe, interviewé le président et dîné avec l'ex-présidente (Vigdis, première femme présidente au monde), traversé des champs de lave dans lesquels je me suis crue sur la lune, j'ai fait la tournée des bars en clignant des yeux parce qu'il faisait jour toute la nuit, j'ai déjeuné dans le chalet des fées, vu un phoque dans un lac rempli d'icebergs, me suis faite attaquer par des sternes arctiques défendant leurs nids, ai contourné d'interminables fjörds, admiré des fumerolles et autres solfatars, me suis baignée dans une piscine d'eau chaude naturelle à l'odeur de souffre et dans la mer (elle était bonne : ils chauffent la mer à cet endroit), assisté à un concert de rock pêchu dans un village de 160 habitants et ai ramassé des roches volcaniques de toutes les couleurs sur toutes les routes de l'île, j'ai poursuivi des canards dans Reykjavik et touché la neige d'un glacier, traversé une tempête de sable noir et collecté du bois flotté dans un parc naturel, j'ai écarquillé les yeux face aux mousses fluorescentes, vu exploser un geyser et admiré le courage d'une fleur poussant au milieu de nulle part, goûté le Brennivín, alcool traditionnel de pommes de terres, fait manger des pétales de rose à deux charmants jeunes hommes et récolté un poème spontané, parlé linguistique et politique, me suis fait offrir thé et café par chaque personne chez qui on s'arrêtait, sinué sur des routes de montagne sans rambarde dans un brouillard opaque et entendu des légendes charmantes, et croisé des moutons en liberté partout, même lorsque je ne voyais nulle nourriture pour eux, appris à dire "je t'aime" en islandais ("Eg elska thig", prononcer Yé elska thiy), savouré une compote de rhubarbe tiède dans un chalet de montagne, écouté de la poésie en islandais et vu des bateaux sortir de l'eau sur leurs roues, rigolé en voyant des chevaux aux crinières blondes comme celles des habitants et qui font la taille de nos poneys, halluciné sur la mode islandaise et leurs tenues légères lorsque la température me semblait hivernale et joué aux échecs avec un enfant, seule langue que nous comprenions tous les deux un peu, visité la maison improbable d'un réalisateur déjanté et suivi la crête des montagnes, traversé des gués et même un lac.
J'y retournerai. Je suis en France depuis seulement quelques heures, et l'Islande me manque déjà. Cette impression d'avoir oublié un bout de moi là-bas...

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Commentaires

1. Le vendredi 30 juillet 2004 à 08:38, par Corsac

Et ca va, t'es pas trop naze ? :)

2. Le vendredi 30 juillet 2004 à 20:48, par Perrine

Y'a pas à dire, ça c'est un post qui donne envie de voyager.

Merci Solveig.

3. Le dimanche 1 août 2004 à 23:28, par licoben

Voyager... que ce soit par l'intermediaire d'un livre, par le recit d'une amie ou encore par soit meme, on en retire toujour quelque chose: y retourner pour certain, il aller pour d'autre ou seulement en rever pour les moin temeraire.
Quoi qu'il en soit le voyage c'est l'experience et l'experience c'est la vie

4. Le lundi 2 août 2004 à 13:37, par oz

Tu parles de la France avec des points et de l'Islande avec des virgules. :)

5. Le lundi 9 août 2004 à 21:00, par woz

Hum. Après avoir lu ton blog (et d'autres) je commence à comprendre un peu mieux le fonctionnement des squats et des gens qui tournent autour. Y'a toujours des trucs avec lesquels j'ai du mal. Mais j'arrive mieux à appréhender tout cet univers jusqu'alors inconnu. Et effectivement toutes ces "façons de vivre" se rapprochent beaucoup de mes idées. Mais j'ai du mal, sûrement à cause du choc provoqué par la réalisation que mes idées peuvent être appliquées dans la réalité. Je ne sais pas trop pourquoi je laisse ce commentaire, peut-être pour laisser une trace de mon passage là comme ça, une trace de mon cheminement qui je l'espère arrivera à quelque chose de positif un jour. Merci.

6. Le mardi 10 août 2004 à 21:45, par Solveig

>woz : ravie de ton passage :)
Effectivement, ton (début de) site me semble interessant...
Si ça t'intrigue, tu peux m'envoyer un mail et pourquoi pas passer ici.
De rien!

7. Le mercredi 11 août 2004 à 00:05, par clocheytte

ca fee tjours du bien d aller voir chew les autres ca ns fee prendre conscience des differences et que la richesse est la et non ds l uniformite
merci pour ce post
je vais tenter de faire aussi bien a mon retour de mtreal
aleyx

8. Le mercredi 11 août 2004 à 01:52, par Bap*

Et moi, j'aurai bien envie d'aller voir ailleurs (en Islande) si j'y suis ;) Bisous à toi puce...

9. Le mercredi 11 août 2004 à 02:05, par woz

Merci Solveig mais j'ai toujours un peu de mal à venir parler avec les gens. Enfin je ne suis jamais loin, si un jour le courage me prends...

10. Le dimanche 15 août 2004 à 01:39, par Guillermito

"Elska". Même racine en suédois et en norvégien. Prononcés avec cet accent nordique à la musique subtile, des mots magiques. Surtout quand ils sont susurrés à l'oreille par une créature à la peau claire. L'Islande, oui, un endroit magique. Je voyage toujours avec Icelandair pour avoir la possibilité de regarder une heure ou deux les immenses champs de lave noire depuis les grandes verrières de l'aéroport de Keflavik, pendant le transit. Je me souviens aussi d'une aurore boréale, longue et fine draperie verte et dansante, visible depuis la place devant la cathédrale de Reykjavik, au sommet de la petite colline qui domine la ville, juste à côté de la statue de Leif Ericsson. La Scandinavie, si loin de mes origines méditerranéennes, mais si fascinante. Merci pour le voyage.

11. Le lundi 6 septembre 2004 à 19:11, par korafetish

El pueblo unido jama sara vincido!

12. Le mardi 7 septembre 2004 à 01:24, par Corsac

Encore un coup du nHK ?

13. Le mercredi 8 septembre 2004 à 11:25, par korafetish

Aprés cette tentative échouée de squatter ce blog à l'abandon apparent:
Alors, en effet, c'était une intrusion, mais le coup de m'en vouloir pour une blague, ce n'est pas comme si j'avais fouillé des endroits qui ne me sont pas autorisés ou je ne sais quoi d'autres.
C'est juste une façon rigolote de te dire que j'aimerais bien avoir de tes nouvelles un peu de temps en temps par le biais de ces pages. Et excuse moi de me donner raison, mais dés qu'un-e proprio sent son bien attaqué, d'un coup il lui redevient cher...
Je n'ai ni modifié, ni supprimé la nature de tes notes, je suis rentrée ici sans éffraction, et j'en ressors de même, avec une bise au passage qi tu m'y autorises...
A quand une prochaine note?

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.