Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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vendredi 27 avril 2007

Yo-yo

J'ai vingt-cinq ans, je me sens vieille, fatiguée, aigrie.

Je sais enfin ce que je voudrais vivre, mais je n'ai plus d'enthousiasme, d'énergie, de joie, d'amour pour le faire.

J'oscille entre des moments un peu bien et le complet désespoir, accompagné de ses envies de suicide.

Je ne me satisfais pas de la vie que je peux vivre, je me sens incapable de construire celle que je veux, alors par frustration, par accablement, je pense à mourir - et pourtant ce n'est qu'une envie de vivre, bloquée.

Je fais le yo-yo à l'intérieur, je me dis souvent que je devrais me construire une vie calme et sereine, comme les moines, pour limiter ces mille petits évènements dont les échos en moi sont assourdissants et interminables.

Mais limiter les stimuli ne fait que rendre plus fortes mes réactions aux petits changements. Je réalise lentement que je ne ferai pas taire ainsi mes voix intérieures, la solution pour cela serait sans doute de prendre des drogues (légales ou non) qui m'offriraient la béatitude de ce qui est et feraient taire mes envies d'autre chose, d'au-delà.

Je pourrais écrire des kilomètres sur le petit-déjeuner, le pressage des oranges, la préparation du thé, l'avide expectative d'un mail dans la boîte "perso", le ciel bleu par ma fenêtre que je ne me résous pas à affronter dans son élément pendant parfois une semaine ou plus, les cloches de l'église que je n'entends plus très souvent - surdité de l'habitude - sauf lorsque cela a du sens, le tabac qui s'effrite sous mes doigts pendant des heures, léger et humide, jusqu'à ce que mon paquet soit empli de miettes, la broderie au point de croix avec le délicat choix des couleurs pour obtenir des nuances harmonieuses mais contrastées, et la lecture de vieux livres de science-fiction aux couvertures criardes, parfois sans aucun rapport avec le contenu, dont le papier de mauvaise qualité s'est imprégné de l'odeur de poussière des bouquinistes, ces livres que j'ai parfois envie de jeter après les avoir lus tellement ils sont mauvais, et pourtant parmi ces vieux oubliés, inconnus, quelques perles, ou alors des passages infiniment émouvants.

Je pourrais raconter tout cela en détails - car ce n'est qu'avec des détails que c'est joli, sinon c'est juste une généralité - mais c'est tellement loin de ce que je voudrais formuler, alors je trouve ça vain et je renonce, par refus, par peur de me dissoudre dans une activité privée de sens... et je me dissous dans une oisiveté sans signification, alors que j'aimerais la faire joie, rencontres, réalisations, poésie, résolution, rire féroce et tendre griffure.

Finalement, du "rien" ne naît que l'exaspération, et du "rempli" dégueulent nos faiblesses haïes.

Où est le passage, la frontière, la fêlure par laquelle je saurais, voudrais agir ?

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.