Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Cordillère du bonheur

Ces temps-ci, il y a des hauts, et encore des hauts. J'ai parfois un peu le vertige, mais j'exulte la plupart du temps de toute cette joie en moi et autour de moi.

Il y a eu ces deux mois à Paris, où l'amour m'est tombé dessus. Moi, je ne suis pas tombée amoureuse : je me suis plutôt envolée. Ça faisait longtemps, que je n'avais plus marché sans toucher le sol. Je suis encore surprise de me sentir palpiter de nouveau pour un presque-inconnu. Il me dit n'avoir jamais aimé comme ça, et je suis toute émue, impressionnée, de recevoir cet amour tout frais, tumultueux et limpide comme un torrent au dégel. Aimer comme une évidence, accueillir la mise en danger avec toute confiance dans mes capacités à encaisser. Me sentir immergée, et désaltérée, et vivifiée par cet amour.

Le retrouver pour fêter nos anniversaires en ermites, compenser le manque de quelques semaines en faisant du sexe intensivement pendant ces quatre jours au point d'oublier nos autres projets, et discuter presque sérieusement pendant qu'on reprend notre souffle :

- Je t'aime.
- J'en ai, de la chance !
- Mmmmmm. (traduction : "moi aussi", en langue de Solveig-épuisée-par-les-orgasmes)
- Faudra que tu me dises comment éviter que ça s'arrête, hein.

Et puis retrouver mon désir, ma curiosité pour des gens, que je connais un peu, que je croise dans la rue, ou dont je lis les mots. Me sentir forte et désirante de nouveau, intensément désirante comme lors de ma folle jeunesse et plus posée pourtant, moins prompte à mettre les gens dans mon lit - je ne tiens pas à m'éparpiller et me disloquer de nouveau, et je tiens à garder présentes en moi les leçons durement apprises. Jouir de retrouver ce désir et d'être capable de le canaliser d'une façon qui me satisfasse.

Cet amant m'envoie un mail pour me dire qu'il rêve toujours de moi, alors que nous n'avons pas été dans le même pays depuis bientôt quatre ans. Cet autre dont je vais aller voir la soutenance (depuis le temps que je le taquine en lui demandant comment sa thèse avance !), avec qui nous évoquons notre désir réciproque intense tout en nous disant que cela ne mérite pas de remettre en cause la relation satisfaisante dans laquelle il est maintenant. Cet autre, perdu de vue depuis plus de deux ans et que j'ai recontacté parce qu'il exprimait une solitude sur son blog, chez qui j'ai logé pendant des semaines reconduites, savourant sa douceur et sa tendresse, et qui souriait d'apprendre que j'accueillais un autre amoureux chez lui pendant les week-ends où il était absent. Cet ami-amoureux-camarade qui réagit à mon câlin en m'embrassant fougueusement sur la bouche alors que nous avions renoncé à faire du sexe ensemble il y a des mois, que j'interromps pour lui signaler qu'il éveille mon désir et qui, pas surpris, recommence, jusqu'à ce que nous atterrissions dans son lit. Ce garçon qui me prend dans ses bras pour me souhaiter bonne nuit et me rend tremblante de désir, qui me propose de dormir ensemble en toute amitié et est surpris d'apprendre qu'il m'attire - avec qui nous rions au petit déjeuner, " - Hier soir j'ai eu quelques minutes où je me demandais pourquoi on était pas en train de faire follement du sexe, mais en fait après j'ai bien dormi. - Pareil. " Et cet ex-amoureux devenu presque étranger, qui surgit dans un songe bouleversant, à qui j'en envoie le récit et qui me propose qu'on se revoie - peut-être aurons-nous de nouveau des choses à discuter ensemble, comme je l'ai rêvé ?

Et ces derniers jours, recevoir les confidences tremblantes d'un amoureux qui tombe amoureux d'une autre. Ou plutôt, qui se sent chanceler, et je pousse de côté son sérieux et sa timidité, pour lui permettre de chuter. Il a été le mât qui tenait ma voile lorsque j'en ai eu besoin, j'aime être la pierre qui le fait trébucher.

<Leto> J'ai pas que ça à foutre, de tomber grave amoureux
[une heure de discussion où je lui explique que ses raisons pour ne pas tomber amoureux sont relatives...]
<Solveig> forcément, dans ta configuration actuelle, elle n'a pas de place
<Solveig> tomber amoureux, c'est se reconfigurer
<Leto> bordel, des fois tu dis des trucs tout simples et je me sens très bête
<Leto> merci
(la métaphore de geek, y'a que ça de vrai ^^)

Je ressens un petit pincement au coeur lorsqu'il me dit que ça ne lui est pas arrivé depuis presque dix ans (" - Heu, t'es pas tombé amoureux de moi ? - Pas comme ça. "), mais je l'aime aussi pour sa franchise, et son amour pour moi est incontestable, alors la douleur s'enfuit vite et je peux de nouveau me réjouir pour lui, avec lui. Et rire de joie de le voir désemparé, chamboulé, tremblant comme il l'est rarement.


Je suis heureuse, intensément. Je vais vous confier un secret, un sésame qui ne marchait plus depuis des années mais a soudain retrouvé tous ses pouvoirs magiques : la vie est belle.

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Commentaires

1. Le dimanche 29 mars 2009 à 20:37, par Harvey Lee

Sobre verbe que le vôtre, mademoiselle.
Petites gorgées presque anodines qui aboutissent en mets insondables.
Moi qui ne suis pas écrivain pour un soûl, mon esprit est plume de vous savoir oiseau.
Délectable altitude.

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.