Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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samedi 21 février 2004

Oooh get me away from here I'm dying

Ma vie est toujours aussi animée, et même de plus en plus - je renonce à vous expliquer mes amours actuelles, parce qu'en quelques lignes ce serait une liste et pour montrer le merveilleux de chaque relation, cela me demanderait du temps que je préfère leur consacrer. Mais je ne renonce pas à bloguer, hein - j'y pense beaucoup, et mon carnet se remplit, un jour je prendrai une soirée pour taper tout ça. Ou pas.

Actuellement, lorsqu'on me demande ce que je fais dans la vie, j'aimerais répondre "j'aime". Patiente, j'explique aux gens mon travail, comme ils l'attendent. Sauf que ce n'est pas ma vie... ça y est même complètement étranger. Le travail, c'est la chose malgré laquelle je fais ma vie, pas celle qui lui donne un sens. Le travail, c'est cet épuisement lancinant, qui pousse à mettre le cerveau en veilleuse pour effectuer des tâches répétitives sans devenir folle, c'est cette passivité grandissante face à l'agressivité des clients et les remarques machos de chef, c'est aussi renier par le silence ma vie, puisque je ne peux en parler... taire mes amours, mes pensées politiques, mes délires, tout ce qui me rend vivante. Et aussi bien sûr me détacher de ma sensibilité, parce que je ne peux pas faire de câlins lorsque je suis au boulot - et chaque jour sans tendresse est une grande misère émotionnelle.

Alors... il faudrait que je vous explique ce que je pense de la consommation, du travail salarié, des chefs. Ca fait longtemps que je reporte ça... ce ne sera à nouveau pas ce soir. Juste, j'ai atteint la limite ou faire encore des compromis serait toucher à la compromission. Atteint un seuil d'épuisement moral qui me fait penser que travailler encore serait jouer avec ma santé mentale. Alors mardi dernier dans la nuit, j'ai décidé d'arrêter de travailler. J'ai beaucoup de choses à faire dans ma vie, mille chemins qui s'offrent à moi, mais ceux qui m'attirent ne sont pas compatibles avec une vie d'employée de bureau...

Je vais partir et voyager. Aller revoir ces amis trop éloignés, m'en faire des nouveaux sans doute. Vivre en communauté et voir si j'y trouve ma place, si j'ai quelque chose à apporter. Tenter de mettre mes idées en pratique. Prendre le temps de réaliser tous ces projets en attente.

Oui j'ai peur. Oui la vie en squat est précaire, oui ce n'est pas une vie "facile" - mais je ne rêve pas d'une vie facile, vraiment pas. Une vie facile c'est une vie dont on n'a pas à s'occuper, dans laquelle on ne s'investit pas, où rien ne heurte, rangée comme une caserne - et moi j'aime les surprises, le changement, la disponibilité d'esprit, les efforts productifs. Et la précarité j'ai toujours connu, à différents niveaux - ça ne me gêne pas. L'argent n'est pas une de mes priorités, et pour l'essentiel (manger et dormir), je sais que, au pire, j'aurai toujours des portes où frapper.

La communauté... je connais (internat à partir de dix ans), et j'aime. Ca me manque actuellement, souvent. J'aime la solitude aussi - mais surtout quand elle est choisie. Lorsque c'est s'éloigner des autres, pas s'en séparer. La vie avec des gens, je trouve ça stimulant - il y a tant à apprendre, à découvrir, à partager...

Ce qui me fait peur, ce n'est pas ce qu'il y a devant moi : je vois l'avenir très beau, comme cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps, sans illusions miroitantes mais prête à relever le défi. Ce qui me fait triste, c'est tout ce que je laisse derrière moi... comme toujours, faire un choix veut dire accepter de se fermer des portes. Bien que la passivité en ferme bien plus, au final. Mais en décidant de partir, je sais que je vais devenir étrangère à beaucoup de gens, que beaucoup me deviendront étrangers - vous savez, ce sentiment de ne plus être dans le même monde. Peur de perdre des amis, sûre de perdre des amoureux - dur de continuer tant de relations à distance, hein. Ennuyée, déjà, à l'idée des longues explications à la famille - déjà que les amis ont parfois eu du mal à comprendre...

Et sinon, le titre c'est une chanson de Belle & Sebastian.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.