mardi 23 novembre 2004
Végétalisme
Je devais avoir 4 ou 5 ans le jour où j'ai réalisé le rapport entre les animaux (de mes livres d'images et avec lesquels je jouais) et la viande dans mon assiette. J'ai été horrifiée, je voulais plus en manger... mes parents étaient très respectueux de nos choix mais celui-là ils ont pas dû réaliser que c'en était un. J'ai dû continuer à ingurgiter de la viande, en quantités restreintes cependant parce que je n'ai jamais beaucoup aimé ça.
Et depuis six mois, je n'en consomme plus : ni viande, ni poisson, ni fruits de mers, ni volailles, bref aucune chair animale. J'ingère également beaucoup moins de produits laitiers et pas d'oeufs, du moins quand je suis à la maison. Non ne pensez pas comme ma grand-mère que je suis dans une secte, et non je ne me suis pas convertie au bouddhisme. Les raisons pour lesquelles je fais ce choix sont variées, mais n'ont rien de mystique.
Alors, mes multiples raisons sont d'ordre gustatif, sanitaire, éthique, écologique, et politique. Oui, rien que ça !
Raison gustative : comme je l'ai dit, je n'aime pas beaucoup la viande, et le goût se forme selon ce que l'on consomme... le mien s'est affiné depuis que j'ai arrêté la chair, et j'apprécie.
Raison sanitaire (de santé) : la première cause de mortalité dans les pays développés, c'est la surconsommation, de viande en particulier. Cela provoque cholestérol, surpoids amenant des crises cardiaques, tout ça. Oui il y a dans la viande des éléments importants de notre alimentation (fer et vitamine B12 principalement), mais ça se trouve ailleurs - en moins grandes quantités, mais suffisantes. Les besoins de notre organisme sont, en tous cas, pleinement satisfaits en mangeant de la viande une fois par semaine, et les deux repas carnés quotidiens de notre société sont plus nocifs que bénéfiques. Et avec du soja, des légumineuses (pois cassés, lentilles, pois chiches, haricots...), on trouve tout ce qu'il faut. De toutes façons je mange des produits laitiers lorsque je ne suis pas à la maison ou lorsque c'est de récup, donc je suis moins obligée de faire attention.
Raison éthique : je n'ai pas besoin de tuer d'autres animaux pour vivre, et je préfère m'en abstenir. Pour moi, une souffrance inutile ne se justifie pas. Si cela était nécessaire à ma survie je le ferais sans doute, de même que je mangerais de la chair humaine si je n'avais pas le choix. Les critères du genre "c'est naturel de manger de la viande" me sont étrangers : c'est naturel aussi d'avoir besoin de pisser et vous attendez pourtant d'être aux chiottes, naturel d'avoir envie de faire du sexe avec des gens et ça ne vous empêche pas d'attendre leur accord (enfin j'espère). Je ne porte pas de jugement sur les choix différents, l'éthique est personnelle. Mais, non, ce n'est pas une souffrance que de renoncer à la chair animale. Ça demande quelques efforts au début, maintenant ce n'est simplement plus dans mes habitudes. Oui c'est un luxe d'avoir ce choix, mais c'en est un aussi de consommer de la viande et puisque nous avons le choix, il n'y a pas de honte à le faire.
Raison écologique : Les quantités de viande consommées dans les pays développés nécessitent la production industrielle (parler de "production" pour des êtres vivants me choque, mais puisque les animaux sont considérés comme des produits...). Or, cette production est très coûteuse en énergie, puisqu'elle nécessite de produire des céréales qui ensuite nourriront les animaux : utiliser ces ressources agricoles pour nourrir les humains permettrait de varier davantage les cultures, et économiserait des ressources. Il serait ainsi nécessaire de produire moins, ce qui permettrait de réduire le rendement demandé aux cultures, et donc de limiter les engrais et pesticides très polluants. De plus, les élevages industriels produisent des déchets (ammoniac qui se déverse dans les eaux, saccageant ces écosystemes fragiles ; méthane dans les airs, augmentant l'effet de serre...).
Raison politique : L'actuelle sur-consommation de viande est justifiée par un système dans lequel certainEs cherchent le profit sans souci des conséquences, produisant avant tout injustices, souffrances, exploitations. Beaucoup de pays pauvres vendent leurs céréales à des pays riches afin que ceux-ci nourrissent leurs élevages, alors que les populations y souffrent de la famine. L'élevage industriel n'est qu'un produit parmi d'autres de multinationales qui placent leurs bénéfices au-dessus de toute considération morale. Et arrêter de tuer pour vivre, c'est arrêter de reproduire une domination / exploitation, et c'est déjà un début.
Voir aussi :
Pour une alimentation et une société non-prédatrices
J'aime trop la viande (un peu naïf et daté mais simple)
Le Mouvement de Libération Animale
Ce billet, écrit à 16:12 par Solveig dans la catégorie General a suscité :