Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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jeudi 29 janvier 2004

Peur de mes désirs

Je me pose des questions, en ce moment (enfin comme toujours mais là c'est genre moral, car j'en ai une, mais évolutive, c'est-à-dire qu'au lieu de me conformer à des principes figés et abstraits, j'ai une ligne générale qui peut s'adapter aux circonstances).

Pédophilie : littéralement, amour des enfants. C'est vague.
Récemment, j'ai été attirée par des gens plus jeunes que moi, et je commence à me demander où se situe la limite. J'ai déniaisé il y a un an un jeune homme de 17 ans - mais je ne me suis pas posé de questions : il en avait envie et il était prêt.

Depuis quelques mois, je suis attirée par un ami de mon petit frère, qui n'a que 18 ans - et aucune expérience avec les filles, seulement avec les garçons. Je pense qu'il en a envie aussi, mais j'ai envers lui une timidité que je ne me connaissais plus.

Récemment, j'ai fait du sexe avec un autre jeune homme de 18 ans, et là la question de l'âge ne se posait pas : je le sentais assez sûr de lui pour lui faire confiance, et j'ai eu raison puisque sa réaction m'a montré sa maturité quant aux relations humaines.

Vendredi soir, invitée à l'anniversaire d'un jeune homme qui me plaît (mais sans doute devrais-je modérer mes élans irraisonnés), j'ai été séduite par la grâce et la spontanéité d'une demoiselle - son ex, comme si c'était trop simple. Et nous nous sommes faits des câlins et bisous (le lieu ne se prêtait pas à plus), choquant quelques personnes au passage je crois (mais ça fait jamais de mal), et... elle faisait plus que ses 17 ans.

Vous allez me dire, à cet âge-là, tous ceux dont j'ai parlé sont des adolescents et non des enfants, et à 21 ans l'écart d'âge est encore assez peu sensible. Vous avez raison, d'ailleurs mes copains, lorsque j'avais cet âge, avaient plus de la vingtaine.

Mouais. Sauf que samedi soir, après un apéro chez ma petite fée, j'ai bougé chez Laitue pour une raclette (pas végan mais bon et convivial). J'étais la dernière à arriver (comme d'hab', oui), mon frère, Babos, Basil, la petite soeur de Laitue et deux amis à elle étaient déjà là. Et j'ai commencé à parler avec Morgane, elle est charmante et vraie et sensible et interessante, et confusément je me rappellais que Laitue m'avait parlé de sa soeur "très jeune, et ça l'embête qu'elle boive et fume et sorte avec ses amis"... mais je ne me posai pas la question au cour de la discussion avec la miss, et lorsqu'elle me dit qu'elle me trouvait "très jolie" je souris et me convainquis que c'était amical - sauf qu'elle aborda le fait qu'elle avait déjà fait du sexe avec une fille, et qu'elle enchaîna petits bisous et regards enflammés...

C'est merveilleux de se faire draguer par une fille, elle me plaît vraiment beaucoup, est sûre d'elle et mûre. Oui mais... elle a quatorze ans. Presque 15, et on la croirait majeure, physiquement et intellectuellement... m'enfin 14 ans! A cet âge-là, je jouais encore parfois aux légos ou à la dînette avec mon frère de temps en temps! (je n'aurais pas aimé que ça se sache au collège, hein). 14 ans... je me demande, quand même, quel a été son vécu pour qu'elle soit déjà, à son âge et depuis un moment, attirée par le jeu de la séduction plutôt que par les jeux d'enfants. Et j'aimerais, vraiment, ne pas être touchée par son innocence gourmande.

Alors je m'interroge sur mes limites. Je n'ai pas de tabou en ce qui concerne le sexe de la personne qui m'attire, la culture ou la religion, la classe sociale, les idées politiques, pas de critères de taille, poids, couleur de peau, de cheveux ou d'yeux. Alors pourquoi ce tabou de l'âge?Je ne l'ai pas dans l'autre sens - je ne suis pas attirée par des personnes beaucoup plus âgées que moi donc la question ne s'est jamais posée, mais ça ne me gênerait pas si ça arrivait.

Je crois que ce qui me gêne dans l'idée de faire du sexe avec des adolescent(e)s, ce n'est ni la peur de la loi, ni la peur d'être déçue, ni même la peur qu'ils tombent amoureux ; c'est plutôt le sentiment qu'à cet âge, on cherche encore ses propres désirs, limites, identité, et qu'on est très maléable - peur de faire du mal. Peur d'aller trop vite, trop loin, et qu'ils ne sachent / n'osent pas m'arrêter. Peur, aussi, de casser leurs illusions nacrées avec mon cynisme - ou juste réalisme. Enfin, pas envie d'être celle qui leur dira que le père noël (prince(sse) charmant(e)) n'existe pas.

En fait, avec un adulte, tu peux supposer qu'il est responsable de ses actes, qu'il sait ce qu'il fait et l'assume - et si ce n'est pas le cas, c'est son problème. Un adolescent... saura-t'il me donner ses limites comme je pose les miennes? Saura-t'il aimer sans croire que c'est l'Amour? Saura-t'il se retrouver si je l'emmène dans mon royaume ? Saura-t'il ouvrir le sien sans se sentir pillé?

Et pourtant... et pourtant, djrom est resté naturel au lendemain de notre nuit partagée, il ne s'est mis ni dans le rôle de l'amoureux transi, ni dans celui de l'amant gêné, ni dans celui du "mec qui a tiré son coup et s'en fout maintenant". Et pourtant il a su affirmer ses idées en respectant les miennes, exprimer ses envies - et j'envisage quelques nuits pour lui faire découvrir les miennes. Et pourtant j'ai bien eu l'impression qu'il m'appréciait moi et pas un modèle de fille idéale qu'il m'aurait collé, et savait être lui sans se retenir aux clichés. Et surtout, surtout il m'a impressionnée. Parce qu'il se pose des questions sur sa "dépendance affective" et m'a écrit pour m'en parler. Joliment, sincèrement, avec beaucoup de réflexion, et d'humour pour ne pas dramatiser. Réussir à dire ce genre de choses, ça m'a demandé beaucoup de temps et de travail sur moi-même, et je l'ai espéré en vain de la plupart de mes copains. Et lui, il est si jeune, je le connais si peu et il est capable d'une telle sincérité, d'une telle auto-analyse aussi.

Alors peut-être mes questions sur l'âge sont-elles artificielles, et que seule la maturité de la personne compte. Cela me semblerait logique. Lunar, lorsque je lui ai parlé de Morgane, a ri et m'a répondu que "tout le monde ne faisait pas l'apprentissage du désir au même âge", et m'a demandé avec l'ironie tendre qu'il utilise avec moi lorsqu'il trouve mes questions existencielles ineptes : "De quel droit tu veux, toi, la priver de son désir?".

Le pire c'est qu'il a raison. Mais... je vais jouer à l'autruche, je crois. Si je ne la vois pas pendant un certain temps elle me troublera moins... et puis elle vieillira, aussi ;)

mercredi 28 janvier 2004

Cri-sis (Crise, ou critique, du désir)

Le désir, c'est dur d'en parler. Le mien, il n'y a pas si longtemps, était omniprésent et en général je le laissais s'exprimer : il n'y avait pas grand-chose à en dire.

Maintenant, il me file entre les mains, ne répond pas à l'appel lorsque je l'invoque, et surgit aux moments les plus inopportuns - enfin parfois il vient quand il faut, heureusement.

Il se cache... je réalise qu'en fait, dans ces instants où je savais en avoir toujours envie, je suis maintenant souvent gênée : j'engage des situations avec les réflexes d'avant, et au moment où je devrais être tremblante de désir, je ne le trouve plus. Et je me retrouve à faire l'amour "comme ça", pas à contrecoeur mais sans m'y investir vraiment non plus (oui, comme cette fois-là). Et bien sûr, ça n'aide pas à se réaccorder à son désir... ni à ses partenaires. Puisque, lâchement, je choisis de ne pas les frustrer (honte ? gentillesse ? Un peu des deux sans doute), mais que, malgré moi, je leur en veux de ne pas voir, savoir, ou deviner.

Pour compliquer un peu les choses, il y a ces instants où le désir me submerge à l'impromptu - et moi qui n'ai jamais aimé me retenir, j'en suis à présent quasiment incapable. Et c'est gênant... parce que, pour moi, partager du plaisir est un autre moyen de découvrir les gens, et tout aussi interessant, enrichissant. Lorsque les deux personnes (ou plus, d'ailleurs) en ont envie, je trouve ça normal et même sain qu'elles fassent du sexe ensemble. Mais j'en suis actuellement à l'autre extrême : comme j'aime voir le Beau chez chacun, tout le monde m'attire... mais d'abord ça fait trop, et c'est dommage de ne plus jamais prendre le temps d'attiser mon désir. Et puis il y a certaines personnes avec qui le sexe complique(rait) trop les relations pour que ça en vaille la peine. Sans compter que les amitiés-avec-attirance sont un jeu subtil mais merveilleux.

Bon, comme d'habitude : "fais comme tu le sens sur le moment, arrête de te prendre la tête avant que les problèmes ne se posent, d'ailleurs ce sont des faux problèmes..."

Oui mais. Oui mais c'est frustrant ! Il faut que j'arrête d'imaginer la sensualité de chaque personne que je rencontre, parce que certains n'auront pas envie de faire du sexe avec moi (c'est mieux lorsque le désir naît chez les deux en même temps !), parce que ma façon de vivre (d'aimer) en choque certains (beaucoup ?) et qu'ils ne seraient pas prêts à vivre / assumer ce genre de relations... ainsi, pour simplifier les conventions que les gens mettent autour du sexe, j'en reviens à parfois compliquer beaucoup le rapport à l'autre.

Faire moins de sexe, pour être moins frustrée ? C'est un peu pervers, de tuer son désir pour ne plus avoir à le gérer. Non, je voudrais juste qu'il redevienne ponctuel et maîtrisable...

M'enfin je crois que je suis sur la bonne voie : après mon grand épuisement amoureux, j'arrive maintenant à ne pas tout concrétiser tout de suite. Et surtout, surtout ! L'auto-érotisme revient. Retrouver mon corps pour mieux découvrir celui de l'autre...

mardi 27 janvier 2004

Je est multiple

En ce moment, je sais qui je suis. Ca parait évident, mais ça ne l'est pas vraiment : on se forge une représentation intérieure de soi-même, puis celle-ci subit des modificatifs, des mises à jour lorsqu'elle est dépassée par les expériences nouvelles, et des fois il faut faire tabula rasa et recommencer depuis le début.. C'est ce qui m'est arrivé il y a quelque temps, parce que j'avais évolué en un an plus vite que je ne pouvais assimiler, je ne savais plus qui j'étais, tout s'est écroulé et depuis je rebâtis tranquillement. Nouveau départ. Xème naissance...

Je est multiple, ne serait-ce que parce que je change. Je suis la Solveig de cinq ans, de dix, douze, seize, dix-huit puis vingt-et-un. Et parfois je est une autre, une de celles qui furent.

Je est multiple, je suis composée d'éléments de toutes origines qui parfois s'entrechoquent. Mon nom islandais, ma nourrice algérienne, mon père normand, mes étés allemands... ma culture bourgeoise, mon enfance à surmonter, mes aspirations anarchistes, ma sexualité libertine, mes principes humanistes, ma contamination geek, mes délires kitch, mon romantisme de contes de fées, mon cynisme d'époque, mes rêves de hippie... pas toujours évident de concilier tout ça, pas toujours facile d'en faire un tout cohérent (moi) et de rester fidèle à chacun de ces composants hétéroclytes, parfois contradictoires. Ma soeur m'a dit un jour que j'étais une "princesse prolétaire", mon frère m'a qualifiée de "nymphomane pudibonde", et je sais que je déborde de telles écartèlements.

Je est multiple, et je m' éparpille. Dans mes amours, dans mes passions, c'est la même chose. A force de vouloir vivre trop de choses on en fait plein à moitié... j'aimerais bien lire toutes les références qui me manquent encore en SF, me mettre à jour sur la géopolitique, découvrir un peu d'économie, de droit international et de pensées anarchistes, pouvoir broder, coudre, apprendre à faire la cuisine pour pouvoir manger, sinon végan, du moins végétarien, retourner en Allemagne et recommencer à écrire des jolies lettres, fabriquer du papier à lettres et faire des collages et recommencer à dessiner, écrire des poèmes comme je le faisais il y a longtemps même s'ils n'étaient pas bons, faire du jardinage, de la peinture sur verre, passer du temps avec ceux que j'aime, enfin tout ça quoi... en fait je le fais, mais jamais assez de rien. Mais bon, c'est ça qui garde intact mon désir de me bouger, aussi.

lundi 26 janvier 2004

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles

Je vous raconte bientôt les derniers évenements de ma vie trépidante, j'ai plein d'articles à moitié rédigés ou écrits sur papier, mon nouveau blog est en chantier mais devrait être prêt un de ces jours (hum), enfin voilà.

Je voulais écrire ce soir mais mon écran a planté, alors là je vais dîner avec ma soeur qui sort du tribunal où elle a assisté à une audience pour l'infâme procès contre ouvaton, notre gentil hébergeur coopératif. Elle vous le racontera ce soir je pense...

Sinon, message à caractère privé : djrom, j'essaie de te répondre mais mes mails me reviennent sans te trouver, si tu as une autre adresse mail écris-la moi (et je suis preneuse des adresses de tous les habitants des Tanneries, et Arf si tu ouvres un blog préviens!)

Bisous à tous et bonne soirée!

mercredi 21 janvier 2004

Les histoires d'amour finissent bien parfois

Une très jolie histoire...

Trouvée chez licoben.

Confusion

J'appelle.

Moi : "Coucou Bilouf ! Ca va ?
Lui : Oh oui, et toi ?
Moi : Bien, bien...
Lui : T'as des nouvelles de X ?
Moi : Heu... X, c'est qui ?
Lui : ...
Moi : C'est Solveig au téléphone, là.
Lui : Oh! Je croyais que c'était Fleur!"

J'ai la voix de Fleur au téléphone, moi ?!?

Moi : "Et tes enfants, ça va ?
Lui : Ben ils ont la varicelle, mais sinon oui.
Moi : Mais ils sont malades à chaque fois que j'appelle !
Lui : C'est l'âge des maladies infantiles, tu sais...
Moi : Hum. Vivement la crise d'adolescence, hein !"

mardi 20 janvier 2004

Entre quatre'z'yeux

Ce week-end m'a apporté beaucoup de réponses à mes interrogations sur la vie, la politique, l'univers et le reste, mais il a aussi été l'occasion de formuler le mal-être qui teintait ma relation avec Lunar depuis un moment : faisant le trajet en voiture, j'ai saisi l'occasion d'avoir cette grande discussion dont j'avais besoin. Maintenant je sais comment faire lorsque Lu semble hermétique à mes tentatives de parlotte !

Alors on a parlé pendant les trois heures du trajet de retour. Partis vers minuit, mais pas de risque de s'endormir pour mon conducteur : je crois qu'on avait jamais eu une discussion aussi longue et investie. A certains moments j'avais la gorge serrée, plusieurs fois je me suis forcée à me décrisper parce que la tension était forte. J'ai dit ce qui me faisait mal, ce qui me manquait, ce que je ne comprenais pas - et j'ai eu des réponses. C'était dur de formuler tout ce ressenti, dur de dire les choses parfois blessantes, dur d'écouter ses réponses et de réaliser la masse de malentendus. Et pourtant, je n'ai pas pleuré, je ne me suis pas énervée. Nous avions tout notre temps, nous venions de partager des moments magiques (même si, en fait, nous avons passé pas mal de temps chacun de notre côté aux Tanneries, selon notre habitude d'indépendance), et en fait je réalise qu'à force de me mettre à nu sur mon blog, j'apprends à formuler mieux et à dire tout aux autres, alors que j'avais tendance à me refermer quand ça allait pas...

Et finalement, nous étions proches comme nous ne l'avions jamais été, parce que cette discussion, nous la vivions enfin à deux...

Lorsque la voiture s'est arrêtée en bas de chez moi, la discussion nous a suivis dans l'ascenseur, dans la cuisine pendant que nous buvions un verre d'eau, et elle s'est arrêtée au pied du lit - parce que cette complicité décuplée ne s'exprime pas qu'avec des mots. Et parmi toutes les belles nuits que nous avons partagées, celle-ci fut la plus merveilleuse.

lundi 19 janvier 2004

La Maison Simple

J'aimerais vous raconter mon week-end, minute par minute. Pour ne pas oublier le moindre sourire, la moindre discussion...

Vous raconter le lieu, son histoire, ses histoires, sa déco et ce qu'il représente pour moi.

Vous raconter les gens, leurs styles tous différents, leurs écorchures à fleur de peau, leur force, leur joie et leurs rires, leurs convictions aussi. Et leurs rêves. Et tout ce que nos discussions m'ont apporté.

Vous raconter mon enthousiasme débordant, mes peurs à l'idée d'y aller. Et mon soulagement, l'évidence que ce lieu me correspond. Qu'une autre vie est possible. Qu'une autre vie est {obligatoire}, comme m'a répondu un autre visiteur de passage.

Car les Tanneries, c'est un squat, un lieu de vie. Les personnes qui y habitent s'y investissent, se réapproprient leur vie, et ce squat est sans aucun doute le foyer le plus convivial, chaleureux (malgré le froid) que je connaisse.

Mais ce n'est pas un endroit dans lequel on se réfugie pour se couper du monde comme tant de logements urbains. Au contraire, les habitants n'hésitent pas partir pour des périodes plus ou moins longues, et je ne les ai d'ailleurs pas tous rencontrés car beaucoup étaient sur les routes (ou hébergés dans d'autres squats pour un moment, ou chez des amis, de la famille... je sais pas exactement). C'est dommage, parce que les présents m'ont fait l'éloge de ceux que je n'ai pas vus et je suis pressée de les connaitre... m'enfin du coup on a pu emprunter une chambre plutôt que d'utiliser le sleep'in (sorte de dortoir pour héberger tous les gens de passage).

C'est un endroit d'où les gens bougent, c'est un endroit où les gens viennent. Pour une nuit, une semaine ou un mois, parce qu'ils connaissent un habitant ou sont en galère, parce qu'ils partagent des idéaux politiques ou simplement une manière de vivre. Cette maison simple connait le sens de l'hospitalité, et je m'y suis sentie accueillie sans effusion, sans même avoir besoin de le dire : tout naturellement. Bien sûr ils connaissent et apprécient Lunar, et il avait prévenu de notre venue - mais j'ai vu arriver plusieurs personnes en deux jours et chacun était le bienvenu.

Alors bon, là je dis que le beau, ce dont peu se doutent lorsqu'on parle d'un squat. C'est vrai aussi que le verrou de la porte est toujours mis (moi qui ne ferme jamais mon appart !), parce qu'ils sont expulsables par les flics, parce que sans titre de propriété ou de location, n'importe qui peut venir dépouiller ton chez-toi sans que tu aies le moindre recours. D'autant plus que ces anarchistes convaincus n'iraient jamais porter plainte, bien sûr. Tu dois demander qui c'est avant d'ouvrir la porte, et si tu connais pas la personne, demander à un résidant. Tu dois prévenir quand tu sors, pour que quelqu'un vienne fermer derrière toi. Pour pouvoir vivre comme ils l'entendent, les squatteurs se doivent de protéger leur petit paradis imparfait, tout en évitant de se ghettoïser. Il me semble qu'ils y parviennent plutôt bien, malgré tout. Oui il fait froid en hiver, oui c'est pas toujours facile de faire assez de récup' pour nourrir tout le monde (récup : récupérer les fruits et légumes jetés à la fin des marchés, le pain invendu par les boulangeries, etc - car notre société de consommation gâche des quantités de bouffe hallucinantes), oui le confort n'est pas celui d'un palace, oui le ménage par autogestion laisse certains en faire moins et la tendance générale tourner au "strict minimum"... mais ça tourne.

C'est un foyer, c'est une salle de concert aussi, c'est un free-shop et un lieu de réflexion politique, et une chance extraordinaire pour les inadaptés de la société consumériste, superficielle et nuisible qu'est la nôtre, ou plutôt non, qui n'est pas nôtre mais qui est là malgré tout, parce que nul ne s'en sent responsable. Cette société à laquelle nous ne devons, nous ne pouvons pas nous résigner, car comment justifier le gâchis, l'injustice érigés en mode de fonctionnement ?!

Alors oui, je m'y suis sentie bien, comme cela ne m'était pas arrivé depuis bien longtemps - comme j'en avais rêvé depuis toujours. Parce qu'ici, les gens s'investissent, débordent d'énergie et d'enthousiasme, d'envie de communiquer aussi. Ici, j'ai pu discuter avec chacun, dans un climat d'écoute et de tolérance - l'égalité entre hommes et femmes, la liberté de vivre l'amour libre, le respect des choix individuels y sont des évidences. Ici, j'ai pu participer à la vie de la communauté sans me sentir exploitée. Prendre le temps de rendre un service, de donner un renseignement, c'est naturel et spontané. Et tous ces gens merveilleux cherchent à rendre le monde plus beau, osent se remettre en question constamment, savent respecter l'autre pour ce qu'il est et non pour son compte en banque. Ici, les projets pullulent, se croisent et s'entremêlent, au gré des envies, des passions de chacun. Il y a ainsi la salle de concert qui est à l'origine du squat, pour offrir une diffusion aux musiques non commerciales (oui, c'est essentiellement du punk, hein) et un lieu convivial aux dijonnais. Il y a aussi l'informatique, avec pRiNT, le jardinage grâce à l'annexion d'un petit terrain communal en friche, le free-shop où chacun amène ce dont il ne se sert pas et prend ce qui lui plait, les émissions de radio de Vegor, l'atelier de réparation de vélos, la bouffe végan (pas de produits de l'exploitation animale, ce qui exclut viande, poisson, produits laitiers, oeufs, miel et tutti quanti) pas fade du tout parce que celui qui décide de la faire y met en général toute son ingéniosité... ici on a le temps de faire ce que l'on veut.

Alors oui, en fait, le miracle de ce mode de vie, c'est de se réapproprier son temps. Parce qu'en travaillant, on épuise notre énergie et la durée de notre vie dans des activités stériles, ou du moins on ne l'investit pas dans ce que nous voudrions faire. Ici le matin, on se demande ce que l'on a envie de faire, ce qu'il est nécéssaire de faire pour la communauté, et personne ne pointe votre temps de présence.

La clé essentielle est là : la communauté. Les squatteurs choisissent de vivre ensemble, conscients des problèmes que cela engendre mais aussi de l'enrichissement constant, par le partage des connaissances, la confrontation des idées, le soutien moral, et le partage des tâches quotidiennes.

J'en ai déjà trop dit, mon article est trop long ? Il m'est impossible de le résumer, de le couper. J'ai besoin d'en parler, c'est trop important pour moi.

J'étais la seule fille pendant la majorité du week-end, et je l'ai à peine ressenti - et nul n'a eu le réflexe de lancer des remarques à ce sujet, comme il y en aurait eu dans toutes les communautés que je connais. J'étais la seule à n'avoir jamais goûté au régime végan et ils ont supporté avec le sourire mes questions idiotes et gaffes répétées. De même que les geek d'entre eux ont pris le temps de m'ouvrir des "fenêtres internet" et de me montrer comment le faire, Végor a pris le temps de m'organiser une visite guidée, djrom et arf non-fumeurs ont accompagné mes pauses-clope pour ne pas interrompre nos discussions, Panoramix n'a pas ménagé ses efforts pour qu'il y ait toujours de la potion magique à boire (à base de thé, cannelle, gingembre, fleur d'anis, cardamone, et selon inspiration), le Polonais m'a raconté son improbable parcours à travers l'Allemagne, Israël et notre douce comté (il a finalement obtenu une carte de séjour), Sans-cheveux (c'est le seul et je lui connais pas de pseudo) m'a signalé en me voyant faire la grosse vaisselle que je ne devais pas me sentir obligée de m'activer tout le temps, Ned m'a résumé l'histoire du squat et a répondu à mes questions sur le fonctionnement de leur communauté...

Je les aime en les ayant si peu vus. J'aime leur vie qu'il m'ont laissée partager. J'aime leur maison qui est si belle et vivante. J'ai eu mal de devoir partir, heureusement que j'espère pouvoir aller y passer un peu plus de temps bientôt. Je dois juste me convaincre de ne pas tout lâcher pour y courir, maintenant...

samedi 17 janvier 2004

Geekette

Je viens de faire ma première blague de geek...

- "Ha elle était pire, la version que j'avais !
- Elle était peer (to peer) ?"

Ca a même fait rire les gens.

Wikiblog

Comme l'a annoncé ma soeur, j'aurai bientôt un nouveau blog... même adresse, autres couleurs mais toujours éclatantes. Dès que j'aurai fini d'émigrer et de reformater mes anciens posts...

Sauf que les couleurs choisies par Eve sont pas encore assez flashy (elle vient de rentrer d'Islande, RECOUCOU SOEURETTE !)

mardi 13 janvier 2004

L'équilibriste...

J'ai passé le week-end dernier à Angers. J'ai passé le week-end chez Jonathan, pourrais-je dire. Et ce fut encore un moment merveilleux, avec tour de carroussel, soldes le samedi après-midi (on est un peu fous, oui) et buvage de karkadé... sans oublier que j'ai pas arrêté de gagner à L5R et au tarot, qu'on a vu Corto Maltese (enfin) et qu'on a dévalisé le petit chinois en prenant autant de sucreries que de soupes. Mais... quelque chose en moi est un peu décalé lorsque nous sommes ensemble. Je n'arrive pas à être totalement présente, je n'arrive pas à oublier que nous en sommes au rappel d'une très bonne pièce et que le rideau va tomber d'un instant à l'autre. C'est fabuleux d'être ensemble, sauf que nous ne sommes plus "ensemble", justement, et que je ne crois pas vraiment qu'on le sera de nouveau un jour prochain. J'ai trop souffert pour avoir envie d'y croire, et puis je n'ai plus l'innocence, l'enthousiasme d'où naissent les belles histoires d'amour. Jonathan est un homme extraordinaire. Je l'aime, indéniablement, mais sans doute plus d'Amour... ce n'est plus mon prince charmant, j'ai renoncé aux contes de fées.

D'autant que son absence, une fois de plus... eh bien je ne désire plus la combler d'attente. Je l'ai fait pendant presque un an, et ne le regrette pas. Mais notre relation ne peut s'épanouir en étant intermittente, incertaine. D'autant qu'à certains moments je l'ai senti m'idéaliser, et je ne veux être une icône à adorer. J'ai déjà vécu, et cela ne me convient décidément pas. Je voudrais ête une princesse sans que l'on y croie...

Mais c'est si dur de tourner la page. Alors nous nous donnons du temps, et attendons de voir ce qui va advenir. Mais je ne vois pas bien, ce soir du moins, ce que nous pouvons espérer.

Et d'un autre côté, il y a Lunar. Lu, mon électron libre, qui m'ouvre l'esprit, me réchauffe de sa tendresse, et satisfait mon désir aussi, pour être honnête. Lu, que je vois régulièrement depuis plus d'un an sans que nous puissions appeller cela un couple, que j'aime mais avec qui j'ai renoncé, il y a un moment déjà, à l'Amour. Lu, dont je ne sais s'il est un ami, un frère ou un amant. Et je commence à me demander également si notre relation a encore beaucoup à nous apporter...

Peut-être devrais-je lui dire ces choses-là directement à lui, mais il n'aime pas les discussions sur "nous" - alors lorsque j'ai besoin de parler je lui sors un petit monologue, et il ne répond rien mais je vois très vite les résultats de mes remarques. Seulement ce mode de communication n'en est pas un, je n'ai jamais son avis à lui et surtout, je ne sais ce que lui attend, vers quoi nous allons... ni même si nous allons quelque part.

Il ne va pas très bien en ce moment, alors j'essaie de lui donner ma tendresse et mes encouragements, mais je me sens inutile. Ce qui pourrait le faire bouger actuellement, lui redonner la forme et la joie de vivre, ce serait sans doute de tomber amoureux - et il faut bien admettre que notre relation, en satisfaisant nos besoins de tendresse et de sexe, ne favorise pas tellement ce genre de situation. Je me demande s'il ne serait pas mieux pour lui de renoncer à cette situation confortable et sans risque. Risque, me direz-vous... eh bien oui, moi je ne lui demande pas d'engagement, pas de déclarations, peu de compromis. Notre relation est "facile", nous nous voyons quand nous en avons envie et sans contraintes, comptes à rendre ou décision. Peut-être a-t'il raison, peut-être que notre relation est exceptionnellement saine et équilibrée et que c'est la raison pour laquelle elle ne suscite pas de remous. Mais je n'arrive pas à me convaincre tout à fait... je cherche désespérément un peu de la démesure des amours fous.

J'oscille une fois de plus sur un fil tendu. Entre deux êtres, entre deux lieux, deux vies. J'hésite à prendre mon élan pour me jeter dans l'inconnu. J'ai peur de faire mal. Je m'en veux déjà d'écrire ces mots qui vont plus loin que ma pensée. En cet instant, j'aimerais ne pas être moi.

vendredi 9 janvier 2004

Aveux difficiles

<br />Je suis mièvre, souvent. Mais bon ça va avec l'émerveillement, la part d'enfance et de romantisme en moi, alors ça s'excuse, non ?

<br />Je suis une geekette, je finis par l'admettre. Oui j'avoue, ma soeur informaticienne, mon amoureux informaticien, mes amis et connaissances informaticiens m'ont contaminée. Maintenant je comprends quand ils parlent (enfin je comprends au moins de quoi ils parlent, ce qui est déjà un grand pas), alors j'arrête de nier l'évidence. Même que c'est un développeur qui me l'a offert, mon T-shirt OpenBSD. Le pire, c'est que j'aime ça : si je posais moins de questions lors des discussions hermétiques, je sombrerais moins vite du côté obscur de la force...

<br />Je suis une fashion-victim. Bon, alors là, tous ceux qui m'ont déjà vue vont rigoler, je ne suis pas "à la mode", ça c'est sûr. Mais... hier en faisant mes achats, le premier jour des soldes, pendant ma pause déjeuner, je me suis dit que je devrais me surveiller. Déjà que je commence à me plaindre de quelques kilos en trop... penser à laisser tomber l'aspect "fille", je m'en passais très bien avant. M'enfin penser à m'épiler quand même un de ces jours, y'a les vêtements qui sont faits tout exprès pour tenir chaud.

<br />Je suis (trop) exigente. Ca va avec le côté maniaque. Mais à priori c'est dur à vivre pour les gens... en même temps, je fais des gros efforts en ce moment pour NE PAS ranger et nettoyer la maison. Je vous assure, je prends sur moi. J'espère que mon frère réagira avant que je craque et fasse la vaisselle / les courses / les lessives / la serpillère, parce que ça va me prendre plusieurs jours sinon.

<br />Je suis chiante. Ben oui, c'est qui la fille qui scotche des heures devant son bouquin, ou qui se met à parler sans fin de conneries, ou qui veut absolument trois rondelles de citron dans son Martini ? Mea culpa. Ceci dit, pour me faire taire suffit de me donner un livre, pour me faire parler un Martini, etc... suffit d'apprendre à me faire changer de fonction. Et en plus je fonctionne sans piles.

<br />Je suis bavarde. Comme je vous le laisse entendre ci-dessus, je suis capable d'enchaîner les idées, théories et délires pendant des heures. Investissez dans des boules Quiès.

<br />Je suis curieuse. J'adore poser des questions indiscrètes aux gens, tout ce qui "ne se dit / demande pas", je le sors. Par principe. Pour voir rougir les gens, les entendre balbutier, sentir quels sont leurs murs et gênes intérieures. Non ce n'est pas du sadisme...

<br />Je suis amoureuse. Si-si, c'est aussi un défaut : je suis amoureuse de tout le monde. Et faut que je me raisonne pour pas sauter sur un jeune homme / une demoiselle qui me plaît. Me répéter "non Solveig, tout le monde ne se permet pas la même liberté à ce niveau-là, et lui tu vas le choquer". Ca marche pas à tous les coups, en plus, des fois je craque.

<br />Je suis idéaliste. Lorsque je parle, je dois adapter mes idées au monde actuel, les arracher à leur immensité parfaite pour les faire entrer dans le concret. Des fois j'y arrive pas, et j'aimerais que tout le monde ait le même référent de monde idéal que moi...

Heu... bon je peux continuer à l'infini. Tout ça juste parce que j'ai reçu un mail qui m'a touchée, qui m'a émue, que j'ai été obligée de relire plein de fois avant de réussir à faire une réponse minable. Un mail de compliments, le plus beau qu'on puisse imaginer, un mail de confidences, de celles qui donnent envie de rencontrer. Même si on est pas sûres de s'entendre. Un qui donne envie de pleurer et de rire, qui fait mal d'être si vrai, qui me donne un retour sur ce que j'écris : mon objectif, c'est de me mettre à nu, le plus possible, toujours, et elle a su me voir derrière les mots... mais elle m'a vue si belle que ce n'était pas moi, et j'ai honte de ne peut-être montrer ici que ce que je préfère de moi. Solveig, c'est aussi un tas de défauts, et ceux qui me connaissent le savent bien mais je ne montre sans doute qu'une version améliorée de moi-même. Merci à toi, malgré tout, d'avoir su parler à celle que je voudrais être.

jeudi 8 janvier 2004

Sous la neige, l'apaisement

Bon, je reprends le récit de mes vacances, et puis comme c'est moins frais vous n'aurez droit qu'au plus significatif :)

Alors... les deux jours à regarder mon frère jouer à Diablo II ? Non.

Les cinq ou six bouquins que j'ai lus ? Non... ha si, lisez "Du contre-pouvoir", de Miguel Benasayag.

La soirée où j'ai regardé la télé (ça m'arrive vraiment, mais alors vraiment pas souvent) ? Heu... je vais éviter de raconter le remake de Sissi en Iran, ça m'évitera de me ridiculiser. Par contre je suis tombée ensuite sur "Les feux de la rampe" avec Charles Chaplin, c'est fabuleux. Surtout le moment où il explique à la danseuse (handicapée des jambes par déprime) pourquoi il faut marcher, et vivre...

Le passage-éclair en Normandie chez ma mamie pour le repas du 25 ? Tout le monde a vécu à peu près le même je suppose, m'enfin c'était charmant et drôle d'entendre mon cousin me raconter qu'il était amoureux pour la première fois ("Mais tu te rends pas compte ! Ca fait mal et c'est bien en même temps, en fait je la kiffe grave" et autres "Mais non t'es folle je vais pas lui parler... mais c'est trop dur de la voir sans oser dire, et puis si je l'évite elle va croire que je lui fais la gueule alors que c'est trop pas ça..."). Il parait que mes éclats de rire ont réveillé ma tante plus d'une fois, en même temps c'est mignon, non ? Chaque génération refait à l'infini les mêmes découvertes fabuleuses et triviales.

Mes longs bains, mes horaires décallés, mes grignotages ? Vous vous en foutez, même s'ils m'ont fait du bien.

Le réveillon de Noël, où j'ai trouvé sous le sapin (Hand made par moi-même avec du joli papier cadeau vert sapin, justement, du bolduc et des paillettes en décoration), je disais donc j'ai trouvé un cadeau, artistiquement emballé par mon frère (il y a passé 1/2 h quand même) sur lequel y'avait écrit "pour Solveig" - ce qui en soit fait déjà très plaisir - mais avec "de la part de Eve, Cécé, Sebc, Lunar et Marc" - et là ça intrigue, voire ça effraie un peu. Parce qu'il faut savoir que ma liste (coincée derrière le micro-ondes, pour ceux que ça interesse) est excessivement longue, elle se compose essentiellement de petites choses... je ne voyais pas ce qu'ils avaient bien pu me trouver comme cadeau, pour que ça demande une telle collecte. Eh bien ils ont trouvé le VRAI cadeau : celui qui fait infiniment plaisir mais que je n'aurais jamais pensé à demander, un lecteur portable CD-MP3, avec déjà quelques disques gravés par les bons soins de notre grenouille expatriée - ils m'ont rendu la musique. Après j'ai été asociale pendant deux heures, mais j'ai quand même goûté au champagne. Et depuis il ne me quitte plus, je pense à acheter un manteau avec une poche intérieure pour plus de commodité...

Non, en fait, je vois bien que je m'étale, mais ce que je voulais vraiment raconter, c'est l'autre réveillon, celui du 31 décembre (la Saint Sylvestre comme disent les Allemands et aussi un charmant jeune homme qui... mais ceci est une autre histoire). Découragée d'organiser des fêtes, en manque de motivation pour m'incruster quelque part, prête à en faire une tranquillissime soirée en solitaire, Lunar m'a proposé de me préparer un petit dîner. Puisqu'il me prenait par les sentiments je ne pouvais refuser ! Alors il est allé sur Marmiton et il nous a composé un superbe menu (malgré la contrainte que représente l'absence de four chez moi), j'ai fait les courses, et après quelques hésitations on s'est finalement retrouvés tous les deux à cuisiner (en fait la charlotte au chocolat c'est super bon et c'est facile !), et à minuit moins cinq les pétards qui explosaient dans la rue nous ont fait interrompre nos préparatifs culinaires le temps d'ouvrir le champagne et de trinquer, et le dessert nous l'avons finalement goûté au petit déjeuner du lendemain parce qu'arrivé à ce moment-là du repas, on avait d'autres idées en tête. Et le matin, Lu m'a préparé un petit thé et m'a convaincue d'ouvrir les yeux en écartant le rideau pour que je puisse voir la neige tomber... comme une bénédiction sur cette nouvelle année, comme une page toute blanche à recouvrir, comme un voile doux et tendre qui amortit les chocs et couvre la laideur (de ma banlieue). Alors me voilà repartie pour un an, libérée de mes douleurs et de ma rage. La vie est belle, cette année encore.

Il faut que le monde bouge.

Hier soir, ParisCarnet, avec plein de gentils gens. J'étais vraiment fatiguée parce qu'ayant dormi 4 h les deux nuits précédentes, mais une Nacara survoltée est venue me chercher à la sortie du boulot, nous avons grignoté un morceau et avons rejoint cette foule eclectique d'allumés du net et de l'écriture. Et là, après avoir embrassé Lu, rendu hommage aux superbes jambes de Maïa (en jupe malgré la température pôlaire), et fait le tour de la table pour récolter ma moisson de bisous, je suis restée scotchée. Pas de chaises musicales pour cette fois... je me suis laissée embarquer dans une grande discussion avec Licoben et sa tendre Marie, et bien sûr une fois partie je ne m'arrête plus... Lu a dû me demander trois fois s'il devait vraiment m'attendre avant que je me décide à bouger, et malgré tout je suis frustrée de ne pas avoir pu conclure cette palpitante conversation !
Enfin voilà, cette fois encore c'était bien... et la convergence avec le texte ci-dessous n'est pas une coïncidence.

Nobles Pays Développés, regardez vos serfs exploités!

Un texte à lire absolument. Et ma réponse :

Ton texte est superbe. Ce sont des idées que je défends et souvent les gens ne comprennent pas (ne veulent pas comprendre ?) cette nécessité de répartir les richesses - qui est, à mon sens, inévitable et souhaitable même s'il nous faut pour cela renoncer à beaucoup de choses, car les 6 milliards d'êtres humains sur Terre ne peuvent tous obtenir ce niveau de vie, vu qu'il est fondé sur l'exploitation des pays du "Tiers-monde" par ceux "développés"... J'espère que cette image de la société féodale m'aidera dans mes discussions à faire saisir aux gens l'injustice de la situation actuelle. Et si, nombreux, nous enrichissons notre réflexion pour faire évoluer les mentalités, peut-être le sang ne coulera-t-il pas...

Beaucoup disent "on n'y peut rien". C'est faux. Il n'est pas nécessaire d'être au pouvoir pour faire évoluer les choses, au contraire ("Du contre-pouvoir", par Miguel Benasayag). Les choses bougent par la base, par mille et une initiatives de gens motivés, concernés. Par les fourmis. Les militants.
Nous souhaitant un monde plus juste en cette nouvelle année,

Solidairement,

Solveig

lundi 5 janvier 2004

Sortie de fêtes

Je reviens de vacances. De retour dans mon bureau, accès à l'ordinateur, à internet, et donc à ce blog et à vous, lecteurs, s'il en reste après ce long silence festif.

Je pourrais détailler, en même temps il m'a fallu longtemps pour prendre les nouvelles de ma famille virtuelle et si je raconte ces dix jours dans l'ordre je vais rater le dernier métro. Alors commençons par la fin, ce que j'ai encore dans ma mémoire de poisson rouge.

Ce soir j'ai encore eu des cadeaux, Eve m'a trouvé la feuille de statistiques de complément d'humeur, alors j'ai joué à "qui me lit ?" et "quels sont les mots-clefs pour tomber chez moi ?". Du coup je suis allée vérifier sur google, et je suis la première Solveig, avant Anspach. Pis y'a "complément" et "humeur", aussi, même si c'est pas original. M'enfin y'a quand même "pasoa" et "sophie calle nue dans liberation" qui valent leur pesant de cahuètes.

Et Nacara m'a invitée sur explicit, un site idiot où on écrit les dernières phrases de bouquins qu'on a lus. Idiot, donc drôle.

Avant j'ai travaillé, même que j'étais pas trop en retard ce matin et que la pause déjeuner fut agrémentée d'une visite chez Natalys (magasin de grossesse, pour les néophytes), mais rassurez-vous c'était pour une collègue. Moi je vais pouvoir continuer en toute tranquilité mes ébats sexuels dont le but n'est pas la reproduction, et d'autant plus que la nouvelle année commence avec un regain de désir (décidément imprévisible, celui-là, en ce moment). Au passage, merci à Anne Archet qui est toujours une source de stimulations érotiques forts gênantes au boulot, ce qui n'est pas fait pour me déplaire :)

La suite demain, les mots se réapprivoisent peu à peu après une séparation.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.