Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Peur de mes désirs

Je me pose des questions, en ce moment (enfin comme toujours mais là c'est genre moral, car j'en ai une, mais évolutive, c'est-à-dire qu'au lieu de me conformer à des principes figés et abstraits, j'ai une ligne générale qui peut s'adapter aux circonstances).

Pédophilie : littéralement, amour des enfants. C'est vague.
Récemment, j'ai été attirée par des gens plus jeunes que moi, et je commence à me demander où se situe la limite. J'ai déniaisé il y a un an un jeune homme de 17 ans - mais je ne me suis pas posé de questions : il en avait envie et il était prêt.

Depuis quelques mois, je suis attirée par un ami de mon petit frère, qui n'a que 18 ans - et aucune expérience avec les filles, seulement avec les garçons. Je pense qu'il en a envie aussi, mais j'ai envers lui une timidité que je ne me connaissais plus.

Récemment, j'ai fait du sexe avec un autre jeune homme de 18 ans, et là la question de l'âge ne se posait pas : je le sentais assez sûr de lui pour lui faire confiance, et j'ai eu raison puisque sa réaction m'a montré sa maturité quant aux relations humaines.

Vendredi soir, invitée à l'anniversaire d'un jeune homme qui me plaît (mais sans doute devrais-je modérer mes élans irraisonnés), j'ai été séduite par la grâce et la spontanéité d'une demoiselle - son ex, comme si c'était trop simple. Et nous nous sommes faits des câlins et bisous (le lieu ne se prêtait pas à plus), choquant quelques personnes au passage je crois (mais ça fait jamais de mal), et... elle faisait plus que ses 17 ans.

Vous allez me dire, à cet âge-là, tous ceux dont j'ai parlé sont des adolescents et non des enfants, et à 21 ans l'écart d'âge est encore assez peu sensible. Vous avez raison, d'ailleurs mes copains, lorsque j'avais cet âge, avaient plus de la vingtaine.

Mouais. Sauf que samedi soir, après un apéro chez ma petite fée, j'ai bougé chez Laitue pour une raclette (pas végan mais bon et convivial). J'étais la dernière à arriver (comme d'hab', oui), mon frère, Babos, Basil, la petite soeur de Laitue et deux amis à elle étaient déjà là. Et j'ai commencé à parler avec Morgane, elle est charmante et vraie et sensible et interessante, et confusément je me rappellais que Laitue m'avait parlé de sa soeur "très jeune, et ça l'embête qu'elle boive et fume et sorte avec ses amis"... mais je ne me posai pas la question au cour de la discussion avec la miss, et lorsqu'elle me dit qu'elle me trouvait "très jolie" je souris et me convainquis que c'était amical - sauf qu'elle aborda le fait qu'elle avait déjà fait du sexe avec une fille, et qu'elle enchaîna petits bisous et regards enflammés...

C'est merveilleux de se faire draguer par une fille, elle me plaît vraiment beaucoup, est sûre d'elle et mûre. Oui mais... elle a quatorze ans. Presque 15, et on la croirait majeure, physiquement et intellectuellement... m'enfin 14 ans! A cet âge-là, je jouais encore parfois aux légos ou à la dînette avec mon frère de temps en temps! (je n'aurais pas aimé que ça se sache au collège, hein). 14 ans... je me demande, quand même, quel a été son vécu pour qu'elle soit déjà, à son âge et depuis un moment, attirée par le jeu de la séduction plutôt que par les jeux d'enfants. Et j'aimerais, vraiment, ne pas être touchée par son innocence gourmande.

Alors je m'interroge sur mes limites. Je n'ai pas de tabou en ce qui concerne le sexe de la personne qui m'attire, la culture ou la religion, la classe sociale, les idées politiques, pas de critères de taille, poids, couleur de peau, de cheveux ou d'yeux. Alors pourquoi ce tabou de l'âge?Je ne l'ai pas dans l'autre sens - je ne suis pas attirée par des personnes beaucoup plus âgées que moi donc la question ne s'est jamais posée, mais ça ne me gênerait pas si ça arrivait.

Je crois que ce qui me gêne dans l'idée de faire du sexe avec des adolescent(e)s, ce n'est ni la peur de la loi, ni la peur d'être déçue, ni même la peur qu'ils tombent amoureux ; c'est plutôt le sentiment qu'à cet âge, on cherche encore ses propres désirs, limites, identité, et qu'on est très maléable - peur de faire du mal. Peur d'aller trop vite, trop loin, et qu'ils ne sachent / n'osent pas m'arrêter. Peur, aussi, de casser leurs illusions nacrées avec mon cynisme - ou juste réalisme. Enfin, pas envie d'être celle qui leur dira que le père noël (prince(sse) charmant(e)) n'existe pas.

En fait, avec un adulte, tu peux supposer qu'il est responsable de ses actes, qu'il sait ce qu'il fait et l'assume - et si ce n'est pas le cas, c'est son problème. Un adolescent... saura-t'il me donner ses limites comme je pose les miennes? Saura-t'il aimer sans croire que c'est l'Amour? Saura-t'il se retrouver si je l'emmène dans mon royaume ? Saura-t'il ouvrir le sien sans se sentir pillé?

Et pourtant... et pourtant, djrom est resté naturel au lendemain de notre nuit partagée, il ne s'est mis ni dans le rôle de l'amoureux transi, ni dans celui de l'amant gêné, ni dans celui du "mec qui a tiré son coup et s'en fout maintenant". Et pourtant il a su affirmer ses idées en respectant les miennes, exprimer ses envies - et j'envisage quelques nuits pour lui faire découvrir les miennes. Et pourtant j'ai bien eu l'impression qu'il m'appréciait moi et pas un modèle de fille idéale qu'il m'aurait collé, et savait être lui sans se retenir aux clichés. Et surtout, surtout il m'a impressionnée. Parce qu'il se pose des questions sur sa "dépendance affective" et m'a écrit pour m'en parler. Joliment, sincèrement, avec beaucoup de réflexion, et d'humour pour ne pas dramatiser. Réussir à dire ce genre de choses, ça m'a demandé beaucoup de temps et de travail sur moi-même, et je l'ai espéré en vain de la plupart de mes copains. Et lui, il est si jeune, je le connais si peu et il est capable d'une telle sincérité, d'une telle auto-analyse aussi.

Alors peut-être mes questions sur l'âge sont-elles artificielles, et que seule la maturité de la personne compte. Cela me semblerait logique. Lunar, lorsque je lui ai parlé de Morgane, a ri et m'a répondu que "tout le monde ne faisait pas l'apprentissage du désir au même âge", et m'a demandé avec l'ironie tendre qu'il utilise avec moi lorsqu'il trouve mes questions existencielles ineptes : "De quel droit tu veux, toi, la priver de son désir?".

Le pire c'est qu'il a raison. Mais... je vais jouer à l'autruche, je crois. Si je ne la vois pas pendant un certain temps elle me troublera moins... et puis elle vieillira, aussi ;)

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.