Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Champ de ruines

La cendre volète au gré de rares tourbillons violents ou brises suffocantes. Tout est détruit, enfoui, et les décombres ne peuvent servir d'abri. Pas la force de les remuer encore, rien ne peut plus y servir à la vie. Terre ravagée, irradiée, vitrifiée par endroits. Pas d'eau en vue, disparue sous les gravats ou évaporée par les flammes qui s'emparèrent de tout. J'avance dans un paysage infiniment gris. Nul repère que de vagues monticules plus élevés que les autres ; le vent les déplacera à la prochaine tempête. Le ciel est un dôme de fumée, chape de plomb qui ne laisse même pas d'ombres, et mes pas soulèvent de petits nuages, laissent de profondes empreintes dans ce sol meuble. Rarement, mon pied trébuche sur un obstacle que je ne prends plus la peine d'identifier, me contentant de reprendre mon équilibre pour continuer d'avancer, malgré mon doute devenu certitude qu'il n'y a rien d'autre derrière la ligne d'horizon - mais je ne peux rester sur place, puisque je suis vivante j'avance. Odeur de fumée et de chair brûlée, goût de sang dans ma bouche et mes dents qui grincent sur la poussière. Les seuls bruits à entendre sont de toutes façons les miens, étouffés par ce monde sans échos mais malgré tout dérangeants dans le calme absolu.

Je croise des traces. Il me faut quelques secondes pour le réaliser, pour arrêter ma marche afin de les observer. Puis une immense envie de pleurer, de rire me prend.

Et je repars à angle droit avec celles-ci puisque, bien sûr, les seules traces ici sont les miennes.

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Commentaires

1. Le mardi 3 mai 2005 à 22:09, par BohwaZ

Très beau texte, merci.

2. Le mercredi 4 mai 2005 à 00:14, par Med

Ça ressemble assez à « Ravage » de Barjavel. Écrivaine de science-fiction en train de naître ? :)

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.