Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Pardon

J'appréhendais d'aller week-end en Normandie. Comme toujours lorsque je vais voir mes parents. Mais il n'y a plus lieu. Depuis quelques mois, j'ai pardonné à mes parents, et cela m'a apporté l'apaisement. Nous avons passé une vraiment bonne soirée vendredi dernier, en parlant-vrai, et - miracle- sans faire pleurer môman! Ayant fait une croix sur les erreurs, les rancoeurs, et cette tension qui existaient entre nous depuis trop d'années. Ce mur que j'avais laissé se bâtir jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Bien sûr, ils auraient pu faire mieux pour nous. Mais après tout, je ne serais pas moi si j'avais eu une éducation parfaite, et je ne regrette pas ces années où j'étais décalée dans la cour de l'école parce que, de par ma situation familiale, je ne m'interessais guère comme les autres filles aux péripéties d'{Hélène et les garçons}, et mon plus gros malheur n'était pas d'avoir eu 8 en maths. Je comprends maintenant qu'ils n'ont pas su sortir de leurs problèmes pour voir et écouter les nôtres, je comprends que leurs choix de vie, s'ils me sont étrangers, étaient les seuls qui leur convenaient. Ils étaient trop honnêtes pour choisir d'être heureux. Trop intègres pour tolérer les abus admis par notre société (je vous raconterai leur procès contre le Crédit Agricole, un jour. Ou alors peut-être écriront-ils finalement leur livre). Ce sont des gens bien, à leur manière. Malgré la vie de cons qu'ils ont menée. Je suis heureuse de les avoir retrouvés.

Ils ont su m'écouter, enfin. Ils ont dû réaliser, eux aussi, que leur fille était devenue une étrangère. Je leur ai raconté qui je suis, ma façon de mener ma vie, mes choix, mon ressenti, mes pensées. Nous avons rattrappé quelques années à se voir le moins possible, beaucoup d'années de silence pesant. Je leur ai exposé mon aptitude au bonheur, mes projets d'avenir, mes amours multiples, mes craintes floues. Ils ont su écouter, et comprendre (ce n'était pas le problème).

Ai dormi dans mon lit d'avant, après avoir fait l'inventaire des babioles laissées là-bas. Certaines choses me manquent, notamment mon courrier, et quelques dessins. Penser à les récupérer un de ces jours.

A part le dentiste le lendemain matin, ce fut un week-end parfait. Beignets et crêpes chez mamie, bain de deux heures avec un bon livre en profitant de la musique que mon cousin avait mise à fond, jardinage dans le froid sous un grand soleil, explications à l'autre cousin de la guerre Israël/Palestine, épluchage de pommes pour faire de la compote en écoutant mamie me donner des nouvelles de la famille jusqu'au douzième degré, choix de cartes dans la magasin de ma tante et écriture le soir quand tous sont couchés. En profiter pour aller fumer une cigarette dehors, avec le souffle du vent dans les arbres et les étoiles par centaines au-dessus de ma tête. Laisser mamie me gaver de nourriture (parce que je suis toujours un peu pâlote, je mange pas assez. Ou alors elle projette de m'utiliser comme plat principal à Noël. Je ne vois pas d'autre explication). Refuser d'emporter plus de quelques kilos de bouffe chez moi, m'en tirer avec des crêpes, des noisettes, du thé, des bonbons, un cake et considérer que j'ai bien argumenté. Refuser aussi de prendre du linge de maison ou de la vaisselle ("Non merci, j'ai pas la place. Et réellement pas besoin, accessoirement"). Apprécier le fait d'être un estomac sur pattes pour une journée. Réaliser que j'ai besoin de sortir de Paris plus souvent...

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.