Ors éphémères
Par Solveig, mardi 18 novembre 2003 à 19:55 :: General :: permalien #98
11/11/2003 Deux arbres en face de ma fenêtre. Jaune citron au début du week-end, et leur couleur vive éblouissait mes yeux neufs. Ces derniers jours, j'ai fermé les rideaux et allumé la lumière dès que l'extérieur s'assombrissait... j'ose enfin affronter le crépuscule. Je constate que les arbres sont maintenant jaune d'or, et le tapis somptueux qu'ils ont étalé à leurs pieds est d'un ocre apaisant. Je regarde leurs feuilles tomber au gré des souffles de vent, et cette chute semble sans fin. Comme mes larmes hier soir. Mais je sais bien qu'à un moment ils seront vides, tout comme moi, et s'endormiront dans un long hiver pour mieux rejaillir au printemps. En attendant, ils jettent leurs derniers feux, et l'envie me prend d'aller jouer avec eux, leur donner ma tendresse pour les garder du froid, comme mes mes amis l'ont fait avec moi. Je la sens qui rayonne en moi, douce veilleuse de mes nuits solitaires, promesse en attente, embryon d'une éclosion à venir. L'idée de m'étendre sur le lit douilletement préparé m'évoque soudain d'autres automnes. Mélancoliques, sauf le dernier, qui fut le premier que j'aie vraiment apprécié. D'autres amours, légères celles-là, mais non dérisoires. Le petit elfe pour qui je fus la première femme, sous des arbres aux couleurs de la Lorien, face au lac constellé d'étoiles. Eyal, et notre surréaliste ballade dans Paris prolongée toute la nuit, parlant anglais, laissant monter les frissons, jusqu'à ce que le matin ait pitié de notre désorientation et nous mène dans son lit, début d'une aventure aussi flamboyante et éphémère que la chute des feuilles. Connaissant la date de son avion de retour, nous nous sommes donnés complètement, intensément. Cela garde pour moi le fondant du café israëlien, l'odeur de la pluie, les échos de nos accents mêlés, la douceur de nos caresses, et la couleur dorée des feuilles. "Or", qui en hébreu veut dire "lumière" mais aussi "peau".
Il a su prendre ce que je lui offrais en acceptant mes mystères, ma fougue, et surtout en comprenant que je fuie lorsqu'il aurait fallu dire au revoir. M'appelant ton "papillon", pour mieux excuser mon envol. Merci Eyal, mes automnes sont plus beaux grâce à toi.
Commentaires
1. Le mardi 18 novembre 2003 à 22:38, par Lieben
2. Le mercredi 19 novembre 2003 à 12:07, par Solveig
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