Complément d'humeur

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Réception chez l'ambassadrice...

C'était prévu depuis deux semaines. Maman avait reçu des invitations et ça me tentait bien: une "discussion littéraire" chez l'ambassadrice d'Islande. Déjà, la littérature j'aime, pis l'Islande m'a donné mon prénom. Pis ça peut faire des contacts interessants, autant dans l'édition qu'à l'étranger... Pis c'est la classe d'être invité au domicile d'une ambassadrice, hein. Avenue Henri Martin dans le 16ème, celle qu'est en rouge dans le Monopoly...

Alors j'ai passé une heure à retourner désespérément mon armoire pour trouver quoi me mettre. J'ai franchement regretté de pas avoir un tailleur, ou des fringues de créateur - ouais, je m'en voulais de pas avoir une garde-robe de bourgeoise. J'ai finalement appellé Môman en lui disant que je venais pas. Morte de trouille à l'idée de me trouver ridicule au milieu de la réception. Mais elle m'a dit de venir au moins pour le cocktail, et j'ai accepté en me disant que je serais pas obligée de rester longtemps. J'ai quand même réussi à être en retard, j'ai marché sous la flotte dans cet arrondissement où tous ceux que je croisais semblaient sortir à la fois des magasines à la dernière mode et de gravures du 19ème siècle - personnages de Proust après l'heure.

J'arrivai devant l'entrée vingt minutes avant la fin du cocktail. Gênée, déjà. Et puis je vis dans le hall une femme qui rendait leurs manteaux à ceux qui partaient. Incapable soudain de faire un pas. Tentai de réunir mon culot, mon indifférence... et partis marcher, mes larmes brouillant encore mieux le paysage que la pluie. Honte, rage aussi. Ces rues trops larges, ces immeubles trop beaux, ces voitures chères, les passants aux accents affectés et aux manteaux de fourrure. Plus de kleenex dans mon sac. Il n'y a pas d'endroit dans ce quartier pour se poser cinq minutes dans la rue. M'assois sous un arrêt de bus pour me rouler une clope. Trouve du courage et une cabine pour appeler mon frère. Qui me dit que je suis bête, et ma soeur descent me chercher à l'entrée, me fait pénétrer dans ce lieu de marbre, de miroirs et de tapis onctueux. Maman m'embrasse dès que je passe la porte, me présente à l'ambassadrice qui sourit de mon prénom et remarque que mon pendentif est une rune de "S" (rien laissé au hasard, j'avoue). Romain me décomplexe en me montrant qu'il n'a pas eu le temps de passer se changer et qu'il porte, pourquoi pas, un jean troué. Eve m'offre une cigarette et son bras pour me faire faire le tour de l'appartement luxueux. Maman me présente plein de gens, notamment plusieurs (trop de) Solveig (Solveig, c'est MOI, que cela soit clair). Mon frère m'emmène près du buffet dégarni et me décrit toutes les bonnes choses qu'ils ont mangées. A un moment, je glisse à l'oreille de Maman "Et ça fait plus d'une heure que vous faites ces mondanités ?", à quoi elle répond d'un "oui" très enthousiaste mais près du rire.

Nous saluons enfin et sortons boire un verre dans le premier bar - 22 € pour deux cafés, deux bières et un thé (cherchez l'intrus), mais on avait cinq serveurs inoccuppés à proximité, quand même. Parler un peu, regarder encore les photos de Romain (oh tiens ! Des grands tirages, l'un avec Lunar comme pour de vrai, et l'autre avec moi, en "femme Mandchoue" selon Eve, en "bientôt chinoise" selon Papa, "vraiment défoncée" selon Romain (remarque évitée devant les parents, mon frère apprend la diplomatie)- enfin une drôle de photo, quoi - "je te les prends hein, tu les referas ?"). Puis souhaiter bonne soirée aux parents, se retrouver en fratrie pour la première fois depuis longtemps dans le RER, et enchaîner sur l'anniversaire de Myriam, la soeur de Lu. Qui mériterait un post pour lui tout seul mais vu que je me suis déjà assez ridiculisée dans celui-là, je me contenterai de dire que les gens étaient très gentils (ai enfin rencontré Naël à qui j'avais piqué son bol lors du séjour en Bretagne, pas de lien parce que les archives du 3rd sont tombées, tant pis pour vous fallait avoir une bonne mémoire), le Martini et le rhum très bons, que j'ai très bien visé la cuvette et que Lu m'a gentiment raccompagnée chez lui (heureusement c'était pas loin), m'a aidée à enlevé les trucs emmêlés (lacets, oui), m'a bordée avant de retourner danser (ben oui, il était... heu... ben plus de minuit quand même).

M'enfin quand même, il était pas obligé de répondre pour moi, quand on m'a demandé ce que je faisais dans la vie, "elle va à des réceptions chez des ambassadeurs". Y'en avait qu'une, et donc, c'est une ambassadrice, non mais !

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Commentaires

1. Le mercredi 3 décembre 2003 à 21:50, par emmanuel

> Réception chez l'ambassadrice...
mdr ! moi, je pense que Lu' a eu parfaitement raison :-) bises

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.