Complément d'humeur

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Des méandres au creux des reins

Vous avez déjà pleuré en faisant l'amour ? C'est étrange, comme situation. Ca ne m'est pas arrivé souvent, mais à chaque fois c'était un moment très particulier.

La première fois, je venais de dévoiler à mon amoureux de l'époque ces choses qu'on prend l'habitude de taire parce qu'elles nous font souffrir. Il a tenté de me consoler, et ne sachant plus que faire ni que dire, il m'a doucement fait l'amour, et je n'ai pas arrêté de pleurer pour autant mais c'était la meilleure consolation qui soit à ce moment-là : me donner la douceur du monde pour m'en faire oublier l'amertume.

La seconde fois, toujours avec lui. C'était la première fois que j'avais un orgasme en étant au-dessus, et j'ai été submergée d'un coup par mes sensations que je retenais plutôt que de m'y laisser aller. Raz-de-marée.

Ca m'est arrivé de nouveau, il y a deux mois je crois. Jonathan me faisait l'amour, mais ce n'était plus comme avant, et je ressentais cruellement les séquelles de cette année de séparation, dans ses gestes qui avaient perdu leur exactitude, dans ma façon de faire qui n'était plus accordée à la sienne. Lorsque, sentant mon détachement, il s'est arrêté pour me demander "Ca va ?", j'ai éclaté en sanglots mais l'ai empêché de se retirer, parce que sentir la distance entre nous était déjà si insupportable que cette séparation de nos corps m'aurait déchirée une fois de trop. Après nous n'avons plus fait l'amour jusqu'à notre séparation.

Et hier, j'ai pleuré de nouveau. Dans la nuit, après un long week-end à se réapprivoiser, à s'émerveiller de retrouver tant de choses entre nous, à se promener, à boire du thé et à se rouler des clopes, à se confier toutes ces choses que nous ne pouvons dire à d'autres, à se donner de la tendresse sans crainte d'en manquer. A redécouvrir nos corps, timidement comme des adolescents, balbutiants, mais jamais maladroits : nous nous connaissons si bien. Refusant de brusquer les choses, ne nous sentant pas obligés. Me retrouver pour la première fois effrayée de faire l'amour, dormir avec un T-shirt et retenir sa main lorsqu'elle éveille en moi trop de tourbillons. M'endormir dans ses bras lorsque nous avons murmuré notre douleur, nos doutes, notre joie. Et hier, puisque j'avais finalement pris un train pour ce matin, dépasser ensemble peu à peu toutes ces barrières. Se blottir l'un contre l'autre lorsque nous reprenons notre souffle, haletants de ces sensations si fortes - vous savez, lorsqu'effleurer l'épaule ou embrasser le cou deviennent des caresses insoutenables. Penser plusieurs fois qu'on va s'arrêter, avant de le faire, parce que le banal n'a rien à voir avec ce que nous désirons. Ne pas avoir envie de faire l'amour pour le sexe, mais continuer parce qu'on reste sur le fil du sacré, de la transcendance peut-être. Calmer une bouffée d'angoisse dans ses bras, le prendre dans les miens un peu plus tard pour apaiser la sienne. Et enfin, lorsque je le prends en moi, me mettre soudain à pleurer. De joie. Bonheur pur, extase de se sentir Un de nouveau. Sans hâte, aller ensemble jusqu'à l'orgasme, et l'atteindre en même temps - notre entente est si parfaite qu'il ne peut en être autrement en cet instant. Décider de tacher les draps plutôt que de bouger. Etre apaisés, ensemble, heureux. Et savoir que demain le train m'emporte, ignorer comment nous vivrons notre relation à présent, sentir malgré tout qu'elle nous est nécessaire.

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Commentaires

1. Le mardi 16 décembre 2003 à 02:26, par

> Des méandres au creux des reins
ça fait plaisir de lire un post inspiré sans fautes d'orthographe en tout cas

2. Le mardi 16 décembre 2003 à 12:09, par Solveig

> Des méandres au creux des reins
Y'a des fautes : je sais pas mettre de cédille au C majuscule. Si quelqu'un est motivé pour m'apprendre... Merci pour ton commentaire, cher inconnu (?).

3. Le mardi 16 décembre 2003 à 13:14, par La Taupe.

> Des méandres au creux des reins
Il y a un conte indien qui explique pourquoi le "C" majuscule déteste la cédille. Mais je ne m'en souviens plus. Il y a un conte indien qui explique pourquoi pleurer quand on fait l'amour est un signe positif. Mais je ne m'en souviens plus. Il y a un conte indien qui explique pourquoi ne plus se souvenir des contes indiens n'est pas important. Mais je ne m'en souviens plus. Il y a quasiment un conte indien pour chaque chose de la vie.

4. Le mardi 16 décembre 2003 à 16:32, par Cher Inconnu (nu)

> Des méandres au creux des reins
voila, le charme est rompu, effleurer, effeuiller ne prennent pas d'accent sur le premier e - la cédille en minuscule est ç Alt+135, il doit y avoir la mAlt+136me chose pour la c'ille maj - mais je n'ai pas le temps de chercher - en tout cas merci encore pour les effusions de l'effeuillage et de l'effleurement, c'est comme une infusion de liqueur de jouvence à défaut d'autre liqueur.

5. Le mercredi 17 décembre 2003 à 18:13, par Solveig

> Contes indiens
Hum, merci pour ces précieuses références :) Y'a un conte indien qui parle de la mémoire percée des taupes?

6. Le mercredi 17 décembre 2003 à 18:16, par Solveig

> Des méandres au creux des reins
C'est corrigé, merci (j'avais hésité, hein). Mais bon, les inconnu(e)s, nu(e)s surtout, ça m'intrigue... t'as un autre nom?

7. Le mercredi 17 décembre 2003 à 18:46, par Optionnel aka cher inconnu

aka cher inconnu
Dear Solveig just like you I believe in the magic of the unknown yet untouched - let's leave it at this for the moment - actually I should have sent out this by email, maybe i will with sthing in front of aka Bonne soirAlt135e

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.