Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Dans les prisons de Nantes...

En mars, je suis allée dix jours à Nantes voir des amiEs dans leur belle maison squattée, nommée Baragouinage parce que principalement occupée par des femmes et lesbiennes. Leur procès était passé, leur accordant un mois de délai mais les flics s'amusaient à venir rôder autour de la maison - y devaient s'ennuyer je suppose. Toujours est-il qu'un après-midi, ils ont choppé une copine à la porte, qui s'est tortillée pour réussir à rentrer dans la maison. Ils ont déployé leurs forces et leurs menaces, cassant les vitres et tentant de forcer les portes (barricadées) au pied-de-biche pour la faire sortir, avant de l'emmener au commissariat pour "outrage à agent". Elle y a passé la nuit, des amiEs sont alléEs devant le commissariat pour lui apporter leur soutien (je restais à la maison pour ne pas la laisser vide, stréssée à mort), et ils l'ont finalement relâchée le lendemain, mais elle passe en procès cet été. ( lien sur indymedia nantes)

À part cet épisode secouant, ce fut un moment très agréable. Nombreuses discussions avec les différentes habitantes, déménagement pré-expulsion, repas collectifs savoureux, ballades dans la ville, discussion au bord du canal, vidéo amusante, dégustation de thé dans les premières journées de printemps, renouer la discussion avec un ami pas vu depuis longtemps... et aussi ce lit avec un triptique de miroirs à sa tête, où je me regarde et me trouve jolie après l'orgasme. J'ai sauvé le miroir abandonné avec le déménagement et il attend maintenant de trouver une place dans ma chambre, parce que ces moments où je me réconcilie avec mon image sont rares et précieux - non pas que je sois fâchée avec elle d'habitude, je l'ignore simplement.

Trackbacks

Aucun trackback.

Les trackbacks pour ce billet sont fermés.

Commentaires

1. Le samedi 30 avril 2005 à 00:22, par

C est pas malin de faire une tentative de fuite.

2. Le lundi 2 mai 2005 à 05:11, par Solveig

Je ne suis pas juriste, mais il me semble qu'une "tentative de fuite" c'est lorsque tu as commis un crime et que tu pars. Lorsque tu es tranquillement en train de rentrer chez toi, et que des mecs t'abordent sans raison puis te touchent sans ton consentement, alors là je trouve ça plutôt rationnel de te barrer, même si ces hommes portent un uniforme : il ne me semble pas que la vue de l'uniforme interdise de se poser la question de ce que les gens en face sont en train de faire et de si on trouve ça acceptable. Mais si tu es d'avis que les uniformisés sont aussi infaillibles que le pape (haha), libre à toi : on doit juste pas vivre dans le même monde.

3. Le lundi 2 mai 2005 à 15:59, par Jef

Belle trouvaille, « baragouinage ».
Sur la forme, cette marque du féminin obtenue en capitalisant le _e_ est toute disgrâce.
Il s'est relativement simple d'utiliser le point médian, ainsi : « ami·e·s ».
Sur le fond, soit ces individus avaient mission d'intimider (au mépris d'un jugement), soit, effectivement, désœuvrés, ils sont venus en voyeurs, animés par je ne sais quelle curiosité (enfin, je devine quand même). Je crois qu'il faudrait porter plainte par recommandée avec AC au procureur près le tribunal de Nantes, en joignant des témoignages.
Et trouver rapidement un·e avocat·e sympathisant·e. Sinon, c'est très simple, quoi qu'elle ait fait ou pas fait, elle sera condamnée pour ce fameux outrage, voire pire si un·e médecin complaisant·e a déjà accordé deux-trois jours d'arrêt de travail pour griffure ou je ne sais quoi. C'est la règle, et la jurisprudence l'établit, l'indulgence de la justice pour ses auxiliaires est sans limite… sauf si l'affaire est portée devant l'opinion, relayée.

4. Le mardi 3 mai 2005 à 05:02, par Solveig

J'aime assez le E, parce qu'il souligne le changement apporté au langage... ceci dit, comme je l'ai déjà dit dans mon article sur la féminisation, chacunE utilise la forme qu'el veut, et celle que tu proposes (je ne l'avais jamais vue) est effectivement très jolie (mais plus longue à écrire, et je suis feignante ;)).

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.