Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Yo-yo

J'ai vingt-cinq ans, je me sens vieille, fatiguée, aigrie.

Je sais enfin ce que je voudrais vivre, mais je n'ai plus d'enthousiasme, d'énergie, de joie, d'amour pour le faire.

J'oscille entre des moments un peu bien et le complet désespoir, accompagné de ses envies de suicide.

Je ne me satisfais pas de la vie que je peux vivre, je me sens incapable de construire celle que je veux, alors par frustration, par accablement, je pense à mourir - et pourtant ce n'est qu'une envie de vivre, bloquée.

Je fais le yo-yo à l'intérieur, je me dis souvent que je devrais me construire une vie calme et sereine, comme les moines, pour limiter ces mille petits évènements dont les échos en moi sont assourdissants et interminables.

Mais limiter les stimuli ne fait que rendre plus fortes mes réactions aux petits changements. Je réalise lentement que je ne ferai pas taire ainsi mes voix intérieures, la solution pour cela serait sans doute de prendre des drogues (légales ou non) qui m'offriraient la béatitude de ce qui est et feraient taire mes envies d'autre chose, d'au-delà.

Je pourrais écrire des kilomètres sur le petit-déjeuner, le pressage des oranges, la préparation du thé, l'avide expectative d'un mail dans la boîte "perso", le ciel bleu par ma fenêtre que je ne me résous pas à affronter dans son élément pendant parfois une semaine ou plus, les cloches de l'église que je n'entends plus très souvent - surdité de l'habitude - sauf lorsque cela a du sens, le tabac qui s'effrite sous mes doigts pendant des heures, léger et humide, jusqu'à ce que mon paquet soit empli de miettes, la broderie au point de croix avec le délicat choix des couleurs pour obtenir des nuances harmonieuses mais contrastées, et la lecture de vieux livres de science-fiction aux couvertures criardes, parfois sans aucun rapport avec le contenu, dont le papier de mauvaise qualité s'est imprégné de l'odeur de poussière des bouquinistes, ces livres que j'ai parfois envie de jeter après les avoir lus tellement ils sont mauvais, et pourtant parmi ces vieux oubliés, inconnus, quelques perles, ou alors des passages infiniment émouvants.

Je pourrais raconter tout cela en détails - car ce n'est qu'avec des détails que c'est joli, sinon c'est juste une généralité - mais c'est tellement loin de ce que je voudrais formuler, alors je trouve ça vain et je renonce, par refus, par peur de me dissoudre dans une activité privée de sens... et je me dissous dans une oisiveté sans signification, alors que j'aimerais la faire joie, rencontres, réalisations, poésie, résolution, rire féroce et tendre griffure.

Finalement, du "rien" ne naît que l'exaspération, et du "rempli" dégueulent nos faiblesses haïes.

Où est le passage, la frontière, la fêlure par laquelle je saurais, voudrais agir ?

Trackbacks

Aucun trackback.

Les trackbacks pour ce billet sont fermés.

Commentaires

1. Le vendredi 27 avril 2007 à 09:55, par Guilain

Salut Solveig,

ce que tu écris me touche. "aigrie", "je n'ai plus d'enthousiasme", "envies de suicide", c'est particulièrement fort ! Bon courage dans ta recherche de la "fêlure"...

Si tu trouves un moment où tu en as envie, un moment "un peu bien", j'aimerais bien que tu me (nous) dises ce que "tu voudrais enfin vivre", "la vie que tu veux vivre"...

2. Le vendredi 27 avril 2007 à 12:25, par e.

va voir ailleurs, va voir ailleurs.
mon conseil: berlin

3. Le dimanche 29 avril 2007 à 19:19, par nicolas

Ne te suicide pas !

Je t'envoie en URL un recueil de huitains que je dédie à mon ex-amour. Puisse-t-il te remonter...

4. Le lundi 30 avril 2007 à 11:32, par nicbouss

quand je pense que c toi qui est cense etre une autre moi-meme qui ne vit que dans la realité d'un monde ailleurs. Je n'ai pas envie de te dire que je suis la tu le sais mais tu ne t'en sers pas donc fais comme tu veux. moi tout ce que je sais c que malgré tout ce que tu peux dire, tu es un etre exceptionnelle parce que en dehors de toute systemie societal. tu prouve aux autre que l'eytre et le paraitre sont deux choses differentes et nous en avons besoin aujourd'hui, en tout cas moi je le pense. rappelle moi tite'soeur

5. Le lundi 30 avril 2007 à 13:42, par Zen

Salut Solveig,

Es-tu certaine que c'est à toi de construire ta vie ? Ne serait-ce pas plutôt la vie qui te construit ?

Quant au rien, si tu évoques le néant, c'est de ce dernier que nous venons tous, n'est pas là la force créatrice par excellence ? Si tu évoques le vide, n'est-ce-pas le vide de la vasque ou de la roue qui lui donne toute son utilité ?

Finalement le rien n'est-il pas le commencement du tout ?

Allez courage, personnellement la philosophie, le Tao et le Zen m'ont permis de surmonter des étapes difficiles, peut-être que cela pourrait fonctionner pour toi ;)

6. Le lundi 30 avril 2007 à 23:44, par Biff

Tu n'as peut être plus d'énergie mais tu écris toujours aussi bien.

A bon entendeur...

7. Le lundi 30 avril 2007 à 23:45, par SoCreate

Bon malgré ce que viens de t'écrire sur WP (et que tu comprendras aisément si tu te mets deux minutes à ma place) je voudrais te dire que je ne t'en veux pas (tu fais sans doute ce que tu peux) et que de toutes façons tout ce que tu écris sur ton Blog et que j'ai lu par le passé m'incite à un grand respect à ton égard, même si tu me prends pour un "facheux"...

Par rapport à ce que tu écris , j'ai un jour touché le fonds en acceptant ma soufrance et mon vide intérieur...silence et immobilité,plus penser.... et j'ai rebondi en éveil-extase...et puis lecture pour comprendre cette nouvelle naissance...et puis abandon des questions pour la simplicité d'Etre ....Je te souhaite sincérement le meilleur.....Ce qui meurt en nous, il faut le laisser partir, la Vie s'occupe du reste...il n'y a pas de séparation entre La Source universelle (Dieu) et toute Vie...chenille >>>papillon===métamorphose...

8. Le lundi 30 avril 2007 à 23:52, par SoCreate

Quelques drogues merveilleuses : les livres de Mère/Satprem/Sri aurobindo, le reggae des Gladiators, Ataraxia.net, le son de Bérurier Noir, les produits bio, Amma et le film "Darshan" de Jan Kounen, faire quelque chose avec ses mains, la création artistique, le naturisme etc...

9. Le dimanche 6 mai 2007 à 23:26, par HC

En regardant ta vie par le stroboscope de ce blog, je pourrais en déduire que tu t'aperçois que tes rêves d'adolescentes ne sont plus viables. Tu deviendrais simplement adulte... Il faut vivre avec.
(J'adore la psychologie de comptoir)

10. Le mercredi 9 mai 2007 à 02:20, par N.

A travers tes mots que je lis je ressens avec étonnement une souffrance qui m'est familière. Le pire c'est que tu jouis dans ton maheur (ou en tous cas a bénéficié dans le passé) de tout ce qui concrétiserait le mien de bonheur. De ce fait par moments je t'ai voué une haineuse jalousie.Maintenant je comprends que c'est moi seule qui me suis privée, aveuglée par la peur et tant de réactions dont je ne suis franchement pas fière, de ce que je t'envie. Ce qui est encore plus fou c'est qu'au fil ce blog j'ai trouvé de nombreux points communs (outre les lieux et les personnes ;) )à nos deux existences. Sur de nombreux points, notamment le type de ressentis que tu décris dans ce billet, j'ai même réalisé qu'on se ressemble plus que je n'aurais pu l'admettre.J'irai même jusqu'à dire que ça m'aurait interesssé d'échanger avec toi là dessus ou sur tant d'autres points.Le pire c'est qu'on s'est croisé, qu'on aurait pu avoir moultes d'autres occasions de le faire si je n'avais pas fait preuve d'autant de bêtise et de méchanceté par le passé.
En tous cas évite toutes les drogues que tu imagines comme pouvant te soulager.Je suis passée par là et crois moi la béatitude laisse bien vite place nette à l'addiction; les questionnements te taraudant encore plus et les envies d'en finir croissant d'autant. Je te conseillerais plutôt dans ces cas là de revenir à la vie notamment sociale.

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.