Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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No milk in my tea, please.

J'arrive à Londres à cinq heures du matin, plutôt en vrac. Un kiosque alimentaire me fournit un grand thé - j'ai beaucoup de mal à décourager le vendeur d'y mettre du lait, quelle idée ! Puis je réalise que je n'ai jamais vu un thé aussi noir, même le café est parfois plus clair. J'y mets cinq sucres sans réussir à cacher l'amertume. Premier coup de foudre pour le Royaume-Uni.

Je sors de la gare routière pour fumer une cigarette. Quelques taxis étranges circulent, ainsi que des bus rouges à étage, mais la ville semble encore assoupie. Je me sens comme une cambrioleuse dans un foyer plongé dans le sommeil, j'aime cette impression de découvrir sans être vue. Je suis face au croisement entre Elizabeth Street et Victoria Str., je regarde un bâtiment en brique rouge et je me dis qu'un truc aussi caricatural à la sortie de la gare, ça doit être fait exprès... mais c'est pareil partout ailleurs, reste à se demander si c'est kitch exprès.

Puis j'ai fait la queue afin d'acheter mon billet pour Édimbourg, en jouant à cache-cache avec un petit garçon très sérieux. Sa maman me sourit, heureuse qu'il s'amuse. Je trouve une barre chocolatée dans mon sac, il la prend en me remerciant sans perdre de son calme. Il ne doit pourtant pas avoir plus de quatre ans, sa mère ne semble pas lui interdire de bouger... ça me rappelle cette prof de sport qui pensait que j'étais réprimée, parce que je préférais lire que courir après un ballon.

Il me reste trois heures. Je descends une rue où chaque maison a un petit escalier devant la porte. Je trouve un arrêt de bus pour regarder un plan de la ville, et je réalise qu'à part les soldats ridicules devant le château (je me sens pas d'humeur), je ne sais pas quoi voir à Londres. Je demande à une fille blonde qui attend son bus, elle est polonaise, n'aime pas beaucoup cette ville mais me cite gentiment quelques lieux. Le premier est Westminster : je prends un bus. Le château et l'abbaye sont assez impressionnants, mais trop meringue à mon goût. Je trouve bien plus pittoresque d'aller marcher dans les quartiers résidentiels. J'erre, mon sac pèse des tonnes, je reprends un thé et trouve une place tranquille devant une église (St John Smith square) où je le bois en grignotant des gâteaux. Des camions livrent des légumes qu'il laissent devant la porte : en France, ce serait volé avant que les destinataires se réveillent.

Passée devant un grand immeuble très moderne où les gens doivent avoir carte + code pour entrer : "New Scotland Yard". C'est pourtant pas l'Écosse mais encore l'Angleterre, je m'interroge sur ce nom. Ah tiens, maintenant je sais.

Croisé des adolescents en costard, partant à l'école. Le plus jeune ressemblait à Harry Potter, forcément.

Trouvé une carte postale ridicule dans un petit magasin tenu par un indien. J'ai hésité avec celle du prince William, encore pire, mais celle de Londres est d'un mauvais goût plus classique.

Je passerai plus de temps à Londres avant de retourner en France, mais là cap vers l'Écosse.

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Commentaires

1. Le vendredi 10 février 2006 à 12:35, par UK

Interessant de voir les impressions d'une premiere visite absolue a Londres de la part d'une personne si avisee et si experimentee dans tous les domaines qui comptent (anarchie, sexualite, sf). Cependant je m'interroge sur les jugements de valeur "caricatural", "ridicule". Je ne me souviens pas d'avoir lu ce ton dans les descriptions hagiographiques (ca doit etre de famille) de l'Islande ? Pour la suite du periple, je me demande si nous aurons plus d'objectivite ?

2. Le vendredi 10 février 2006 à 20:11, par Solveig

Les "domaines qui comptent" c'est objectif ?
Plus sérieusement, la neutralité n'existe pas, on peut la rechercher - je le fais lorsque je contribue à wikipédia - mais sur mon blog, ce n'est absolument pas mon but. Ici, c'est justement le lieu où j'exprime ma subjectivité. J'ai trouvé ça caricatural et ridicule, peu importe que cela le soit ou pas "objectivement", ici je rapporte ce que j'ai pensé / ressenti.

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.