Des abysses aux cieux
Par Solveig, dimanche 4 mai 2008 à 03:52 :: General :: permalien #298
Depuis des mois (ou plus ?), je vais mal. Avec des périodes de redoux, des pics cataclysmiques et d'infinies étendues mornes, mais dans l'ensemble, je vais mal.
Pendant des années, je gérais mon mal-être en n'en parlant pas et en faisant "comme si", avec des moments où mes masques de sourire tombaient en morceaux et où j'étais très mal jusqu'à les remettre. Puis j'ai appris à formuler, à assumer un peu mon mal-être. Mais finalement, ça ne m'aide pas beaucoup à le surmonter, ça aurait plutôt tendance à m'y maintenir à force de cacher le reste, le beau et le joyeux.
Durant cette noyade dans la déprime, chaque attention, chaque mot gentil ou positif m'a fait l'effet d'une bouée pour quelques vagues. Souvent, je ne me sentais pas l'énergie de trouver les mots exacts pour dire le bien que ça me faisait, alors souvent je répondais d'un bref "merci" entouré de quelques mots. Parfois, j'ai osé dire "je vais mal, mais ce geste me fait du bien". Sauf qu'en fait, faut pas le dire : parce qu'après, les gestes suivants, je me demande s'ils sont sincères ou motivés par la compassion. Or c'est pas du tout pareil : qu'on me dise "j'aime ça chez toi", ça m'aide à voir ce que j'ai à offrir en partage, ça m'aide à m'accepter. Si j'entends derrière ces mots un "tu me fais pitié", et ils m'alourdissent de ce poids mort. Les interactions du type "aider une amie qui va mal", ben elles sont souvent déprimantes en soi, elles me permettent peut-être d'ouvrir les vannes dans un environnement de confiance où je sais que je vais être dorlotée, mais nulle dynamique ne me remet dans la vie de cette manière. Les enthousiasmes, les joies ne naissent pas dans des environnements tranquilles.
J'ai l'impression d'avoir fait de ma vie un cimetière, où je contiens mes sentiments pour éviter de pleurer, où je renonce à courir, hurler, vivre... et ceux que j'aime / qui m'aiment y sont enterrés avec moi, leurs efforts pour m'aider sont vains puisque je leur suis absente. P't'être j'vais essayer d'aller bien, même s'il faut faire semblant. À jouer un rôle, on finit par l'incarner vraiment, et puis "jouer un rôle", c'est déjà "jouer", c'est un bon début. Pour être de nouveau animée de joie, de rires, d'émerveillement, il faut que je les laisse entrer dans ma vie. Il faut que j'accepte de me faire bousculer, de me mettre en danger, d'accorder ma confiance sans savoir, de tenter sans certitude de réussite. Lâcher le contrôle.
Je ne me sens pas fiable, inconstante - et alors ? Si je me lance dans des projets dont la plupart avorteront, faute de temps ou de suivi, tant pis. Ou plutôt non : ce serait nul, effectivement, si je faisais peser cela sur d'autres, s'ils devaient ramasser mes pots cassés ; mais si je me lance des défis à moi-même, hé bien... seul mon orgueil peut souffrir qu'ils n'aboutissent pas. Et mon orgueil est p't'être la chose la plus grande en moi, ex aequo avec la tristesse, alors j'aurais qu'à lui raboter un peu la gueule, je voyagerai plus légère.
Commentaires
1. Le dimanche 4 mai 2008 à 22:55, par bohwaz
2. Le mardi 6 mai 2008 à 01:13, par Derek
3. Le jeudi 8 mai 2008 à 02:43, par Solveig
4. Le jeudi 8 mai 2008 à 17:15, par bohwaz
5. Le vendredi 9 mai 2008 à 11:58, par Une Passante
6. Le vendredi 9 mai 2008 à 20:46, par Mel'O'Dye
7. Le vendredi 9 mai 2008 à 23:12, par Solveig
8. Le samedi 10 mai 2008 à 17:30, par ValK
9. Le dimanche 11 mai 2008 à 18:58, par bohwaz
10. Le dimanche 11 mai 2008 à 23:04, par shana
11. Le mercredi 14 mai 2008 à 14:07, par Mel'O'Dye
12. Le mercredi 14 mai 2008 à 15:29, par nicole
13. Le lundi 19 mai 2008 à 16:57, par Alexandre pote de CC
14. Le lundi 19 mai 2008 à 17:09, par Alexandre pote de CC
15. Le jeudi 22 mai 2008 à 19:13, par A.D.
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