Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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Des abysses aux cieux

Depuis des mois (ou plus ?), je vais mal. Avec des périodes de redoux, des pics cataclysmiques et d'infinies étendues mornes, mais dans l'ensemble, je vais mal.

Pendant des années, je gérais mon mal-être en n'en parlant pas et en faisant "comme si", avec des moments où mes masques de sourire tombaient en morceaux et où j'étais très mal jusqu'à les remettre. Puis j'ai appris à formuler, à assumer un peu mon mal-être. Mais finalement, ça ne m'aide pas beaucoup à le surmonter, ça aurait plutôt tendance à m'y maintenir à force de cacher le reste, le beau et le joyeux.

Durant cette noyade dans la déprime, chaque attention, chaque mot gentil ou positif m'a fait l'effet d'une bouée pour quelques vagues. Souvent, je ne me sentais pas l'énergie de trouver les mots exacts pour dire le bien que ça me faisait, alors souvent je répondais d'un bref "merci" entouré de quelques mots. Parfois, j'ai osé dire "je vais mal, mais ce geste me fait du bien". Sauf qu'en fait, faut pas le dire : parce qu'après, les gestes suivants, je me demande s'ils sont sincères ou motivés par la compassion. Or c'est pas du tout pareil : qu'on me dise "j'aime ça chez toi", ça m'aide à voir ce que j'ai à offrir en partage, ça m'aide à m'accepter. Si j'entends derrière ces mots un "tu me fais pitié", et ils m'alourdissent de ce poids mort. Les interactions du type "aider une amie qui va mal", ben elles sont souvent déprimantes en soi, elles me permettent peut-être d'ouvrir les vannes dans un environnement de confiance où je sais que je vais être dorlotée, mais nulle dynamique ne me remet dans la vie de cette manière. Les enthousiasmes, les joies ne naissent pas dans des environnements tranquilles.

J'ai l'impression d'avoir fait de ma vie un cimetière, où je contiens mes sentiments pour éviter de pleurer, où je renonce à courir, hurler, vivre... et ceux que j'aime / qui m'aiment y sont enterrés avec moi, leurs efforts pour m'aider sont vains puisque je leur suis absente. P't'être j'vais essayer d'aller bien, même s'il faut faire semblant. À jouer un rôle, on finit par l'incarner vraiment, et puis "jouer un rôle", c'est déjà "jouer", c'est un bon début. Pour être de nouveau animée de joie, de rires, d'émerveillement, il faut que je les laisse entrer dans ma vie. Il faut que j'accepte de me faire bousculer, de me mettre en danger, d'accorder ma confiance sans savoir, de tenter sans certitude de réussite. Lâcher le contrôle.

Je ne me sens pas fiable, inconstante - et alors ? Si je me lance dans des projets dont la plupart avorteront, faute de temps ou de suivi, tant pis. Ou plutôt non : ce serait nul, effectivement, si je faisais peser cela sur d'autres, s'ils devaient ramasser mes pots cassés ; mais si je me lance des défis à moi-même, hé bien... seul mon orgueil peut souffrir qu'ils n'aboutissent pas. Et mon orgueil est p't'être la chose la plus grande en moi, ex aequo avec la tristesse, alors j'aurais qu'à lui raboter un peu la gueule, je voyagerai plus légère.

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Commentaires

1. Le dimanche 4 mai 2008 à 22:55, par bohwaz

Eh ben, c'est pas très joyeux, mais ça me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles un peu par ce billet :) Si tu as un peu de temps ça me ferait plaisir de te parler à l'occasion. Prends soin de toi !

2. Le mardi 6 mai 2008 à 01:13, par Derek

j'aime ta façon d'écrire et de réfléchir (probablement plus dans d'autres billets que celui-ci). ce n'est sûrement qu'une toute petite facette de toi, mais au moins je ne fais pas preuve de compassion...

3. Le jeudi 8 mai 2008 à 02:43, par Solveig

>bohwaz : tu m'invites ? J'ai envie de voyager cet été

>Derek : effectivement, ce billet n'est pas particulièrement bien écrit, c'était surtout un besoin de faire le point et de me relancer. Merci :)

4. Le jeudi 8 mai 2008 à 17:15, par bohwaz

Solveig : Oui si tu veux, je suis à Liège (belgique) :) Envoie moi un mail si t'as le temps :)

5. Le vendredi 9 mai 2008 à 11:58, par Une Passante

Hé! courage Solveig, tu as pris le risque de la vulnérabilité, ça t'a permis de vivre des moments fragiles mais magiques que la plupart des mortels n'auront jamais connu
.. j'espère que le printemps venu tu pourras de nouveau partir à la chasse aux papillons!

6. Le vendredi 9 mai 2008 à 20:46, par Mel'O'Dye

contente aussi de ce signe de vie ...
quelle que soit sa couleur ou sa tonalité ... tu es, c'est l'essentiel ;-)

7. Le vendredi 9 mai 2008 à 23:12, par Solveig

>bohwaz : chouette !

>passante : merci :)

>Mel'O'Dye : Je viens de voir que je suis dans tes "blogs de feignasses", ça me va bien ;) Ceci dit je suis surprise : je pensais pas que quiconque serait resté abonné à mon blog sans un écrit pendant 6 mois :))

8. Le samedi 10 mai 2008 à 17:30, par ValK

C'est fou, depuis des mois, j'ai l'impression que beaucoup de choses, pour moi et quelques ami-e-s proches, tournent autour de ça : le fait de se sentir mal. On est pas bien, mais en même temps, y'a pas de drame, on a envie de pleurer, ou plus d'envies... On réagit surtout avec nos capacités et nos limites.

Mon remède (absolument pas mon conseil !) a été d'abord de foncer, aller dans tous les sens, sortir, voir plein de gen-te-s (superficiellement, bien sur !)
Dans le même temps, j'ai mis en place un isolement, lent, mais sur.
Je me suis éloignée d'ami-e-s en ne supportant plus certains aspects de leurs caractères. Bien sur, en fait, c'était certains aspects de mon caractère qui étaient en résonance que je ne supportais plus. Mon côté Caliméro, le fait de parler sur tout, d'avoir un avis et de le donner... De devenir "quelqu'un-e".
Devant les potes, "je vais bien, tout va bien". Et je suis très convaincante puisque j'en suis convaincue sur le moment...

En même temps, j'ai traversé une grosse rupture avec un amant-père, décidé de vivre de ma passion, perdu ma mamie-maman... fait une expo très perso... En un peu plus d'un an... Et j'ai bientôt 40 ans, je suis pas amoureuse ni "l'amoureuse de", je n'ai pas envie de faire un môme, je refuse d'être dirigée mais n'arrive pas à me diriger moi même...
Pfffiou.....

Et si je / on s'en demandait trop ? Tout simplement ?

Et si aller mal nous permettais d'être sensibles, hyper sensibles à ce qui nous est cher.

Et si ça nous permettait de ne pas nous perdre ?

9. Le dimanche 11 mai 2008 à 18:58, par bohwaz

Ce que tu dis est très intéressant ValK, je ressens un peu la même chose. Je navigue entre le manque d'envies, sentiment que tout est vain ou que je ne termine rien, et "crises" de motivation ou je veux tout faire en même temps, recommencer de zéro. Autour de moi je ne vois plus beaucoup d'initiatives, la morosité est au programme, sauf pour ceux qui ont décidé de noyer leur angoisse de vivre dans les drogues de toutes sortes et la superficialité. Ce qui ne me semble pas un programme des plus passionants non plus.

Que se passe-t-il ? Je me demande si c'est moi qui ne parvient pas à me faire à ce monde ou si tout part en sucette ? Ou alors tout a toujours été ainsi ?

10. Le dimanche 11 mai 2008 à 23:04, par shana

C'est un mal qui s'applique a beaucoup de personne je crois et ca de plus en plus.
Contente quand meme de lire de tes nouvelles.

As tu trouvé un nouvelle appart au fait ?

11. Le mercredi 14 mai 2008 à 14:07, par Mel'O'Dye

Solveig > ne t'étonne pas ... je suis incapable de virer un lien ... même quand il ne mène plus nulle part ... appelle ça du sentimentalisme crétin ou une allergie au ménage carabinée ... mais c'est comme ça, je ne perds jamais espoir !!! ;-*

12. Le mercredi 14 mai 2008 à 15:29, par nicole

à l'autre bout du pays, il ya moi qui ne te connais pas et qui malgré tes longs silences reviens toujours faire un tour sur ce blog voir si tu as mis un mot, même si de retomber toujours sur ton annonce immobilière de la dernière fois me faisait enrager à chaque fois; moi non plus je n'ai pas viré le lien, j'attendais que tu reviennes... tu vois bien que tu as des raisons de te réjouir...

13. Le lundi 19 mai 2008 à 16:57, par Alexandre pote de CC

Salut Solveig!

C'est jamais sympa une crise de calgon et encore moins les idées noires. Mais, dis toi que je t'ai toujours vu un tempérament de battante, un peu aventurière sur les bords donc je pense que tu remonteras la pente bientôt. Tous ceux qui t'apprécient sont là si tu as besoin de nous.

Passe nous voir à Paris si tu veux te changer les idées. C'est toujours une ville de fous tu sais ;)

14. Le lundi 19 mai 2008 à 17:09, par Alexandre pote de CC

Argh! Il y a plein de fautes d'accords dans mon message précédent. J'aurai du relire avant de l'envoyer! Cela fait pale et misérable comparé au style local! Enfin! Il y a des doués de la plume et de la lettre et d'autres qui ne le sont point. Je dois faire partie du deuxième lot...

Bien à toi! Qu'une douce brise chasse les noirs nuages de ta vie afin que le soleil à nouveau brille en ton coeur.

15. Le jeudi 22 mai 2008 à 19:13, par A.D.

Une petite tape sur l'épaule ... Et un large sourire en passant.

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Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.