Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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mardi 20 juin 2006

Maladresse

Je viens d'installer (enfin) un anti-spam, et au milieu de mes nettoyages j'ai supprimé malencrontreusement des commentaires (de urss et Le Hasard). Si vous voulez les remettre n'hésitez pas, hein...

vendredi 16 juin 2006

Ni compassion, ni comparaison

Ma vie sans maison : je virevolte d'un endroit au suivant, je me sens légère, enfin libérée des boulets de la matérialité. Je découvre / construis d'autres façons d'être : les moments seule sont rares lorsqu'on habite chez des amiEs, mais je sais davantage les préserver, les savourer aussi ; les moments de recueillement, pour m'emplir de l'instant ou méditer sur mes expériences récentes, sont par contre beaucoup plus fréquents, et ils contribuent beaucoup à mon bonheur actuel ; j'essaie d'apporter aux autres lorsque je les visite, en respectant leur rythmes et atmosphères ; je dois conserver le moins possible, parce que le sac devient vite lourd, alors je joue au petit poucet au long de mes périples, surtout avec les livres ; je prévois les quelques étapes suivantes, un peu dans le flou pour tenir compte des trajets à durée indéterminée, et des vortex où je peux tomber ; je suis souvent disponible aux rencontres, et pour l'instant j'arrive à ne pas m'y perdre...

Cette vie que je construis / qui me construit d'une manière nouvelle, cette vie me surprend, m'intéresse, me rend heureuse - sinon je ferais autrement, hein. Mais je dois bien dire qu'une chose est dure, dans ma vie : tout le monde n'arrête pas de me dire : "c'est courageux", "je ne pourrais pas", "ça doit être dur", et tous y mettent un tel poids, un tel doute, et je dois chaque fois expliquer la même chose, et répéter ce discours commence à sérieusement me lasser. Marre d'expliquer que oui, c'est plein de contraintes, mais chaque vie en a, et les miennes me conviennent ; que non, je ne sens pas le besoin d'une maison, sinon j'en ouvrirais une, au contraire j'aime ne pas en avoir, et sûrement je me sédentariserai de nouveau un de ces jours, mais pas sûr ; que non, je ne me sens pas mal à l'aise de vivre chez les autres, parce que les amiEs chez qui je vais sont heureuxses de me recevoir ; que non il ne m'est jamais arrivé de problèmes en faisant du stop, au contraire j'ai rencontré beaucoup de gens gentils. Je ne veux pas avoir peur de vivre, est-ce si compliqué à entendre ?!

Hé tu sais, je pense que ça doit être dur de n'avoir rien d'autre à faire de mieux de ses soirées que de regarder la télé. Dur de subir les ordres de ton chef tous les jours. Dur de voir toujours les mêmes gens et d'avoir renoncé aux grandes discussions où on refait le monde. Dur de vivre sous médocs. Dur de faire tous les jours le même trajet en suivant le chien qui va pisser.

Ça, vraiment, je ne pourrais pas.

samedi 3 juin 2006

Colère libératrice

C'était la première fois qu'une fin de relation me détruisait. Je n'avais jamais connu de ces ruptures haineuses où l'on déteste l'ex-amant. Je n'avais jamais connu ces masses de rancoeurs, ces antagonismes larvés, qui maturent dans le non-dit, s'aigrissent et explosent à la gueule avec la relation. Ce n'était pourtant pas la première fois que j'aimais, mais jusque-là, la rupture ne salissait pas ce que j'avais pu vivre de beau avec ceux que j'avais aimés.

Ma relation avec L. a été la plus longue que j'aie vécue - trois ans et demi ; il y a un an, elle se terminait. Je ne pensais pas que nous puissions être si important l'un pour l'autre et, soudain, devenir pire qu'étrangers... le sentir hostile. Ne pas comprendre son attitude, en être tourmentée pendant des mois, et me culpabiliser.

Puisque notre relation amoureuse était finie, il ne gérait plus du tout nos interactions, ne tenait absolument plus compte de mes ressentis - appuyant sur mes faiblesses qu'il connaissait si bien, sinon dans l'intention de faire mal, du moins sans scrupules à le faire. Mais s'il n'en avait rien eu à faire de moi, il ne lui aurait pas été égal de me faire souffrir. J'ai cru qu'il était en colère, mais lorsque je tentais d'en parler avec lui, il assurait que pour lui, la page était tournée et qu'il n'avait plus de problème avec moi. Et d'ailleurs je tentais en vain d'établir un dialogue, il n'avait plus rien à me dire, ni même envie de me parler.

Peu à peu sa condescendance, ses sévères jugements sur moi et l'irritation qu'il manifestait devant chaque signe de mon existence se rejoignaient pour indiquer que, pressé de se débarrasser de sentiments encombrants, il m'avait décrétée indigne d'eux et s'en était effectivement vite libéré. Puisque j'étais une conne, la fin de notre relation ne pouvait le faire souffrir. Le mépris le libérait de moi, de sa douleur, et des remises en cause aussi, sans doute.

Un soir, j'ai été envahie d'une immense colère contre lui, contre cette irresponsabilité affective, contre l'attitude de connard qu'il avait adoptée, dont je n'aurais pu soupçonner qu'il fût capable. Je ne dis pas que ce n'est qu'un connard - c'est quelqu'un de merveilleux par plein d'aspects, avec qui j'ai eu une relation enrichissante, et si j'ai souffert, c'est de l'avoir supposé capable de gérer la douleur de la rupture, alors qu'il ne l'était pas. Si j'ai souffert, c'est parce que j'avais l'habitude de faire le bilan de mes relations avec les intéressés, d'en faire le deuil sans la pourrir, sans regretter ce que nous avons vécu - cela prend parfois du temps, surtout lorsqu'on a partagé un amour passionné, mais cela permet de construire des relations fortes sur la base de notre complicité, connaissance réciproque, affection.

Le lendemain matin, j'étais libérée de cette douleur : mon deuil, je le ferais toute seule, et s'il était prêt, s'il avait envie un jour de faire ce bilan, de s'investir dans une relation amicale ou du moins cordiale, tant mieux. Mais je pouvais aussi bien attendre des années, et j'allais pas souffrir pendant ce temps.

Je suis encore triste que cela se soit fini comme ça. Mais cette tristesse ne me ronge plus ; parfois j'ai encore quelques bouffées de rage, mais je ne le croise plus très souvent alors ça ne m'empêche pas de vivre.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.