Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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vendredi 28 mai 2004

Attachement

La première fois que je l'ai croisé, il m'a intriguée. Un garçon certainement, mais aux signaux ambigus... Tout vêtu de noir, taille marquée, étrange collier de cuir noir, ongles longs et visiblement acérés. Alors les jours suivants, je l'ai épié du coin de l'oeil, pour tenter d'en percevoir plus. Jusqu'à cette soirée, où je l'ai vu se métamorphoser en elle, si séduisante, si sexuellement provoquante, si sûre d'elle. Et je lui ai parlé, lui ai sous-entendu ma fascination, lui ai posé plein de questions auxquelles elle a répondu patiemment, et je me suis dévoilée à mon tour, et nous nous sommes comprises. Lorsqu'il fut temps d'aller se coucher, je lui dis que j'aimerais dormir avec lui (puisqu'il est un homme lorsque tombent les artifices), "je ne sais pas si j'ai envie de faire du sexe mais en tous cas j'aimerais partager de la tendresse". Il fut surpris, je pensais que c'était parce que j'étais directe, il me dit qu'après tout ce qu'il m'avait raconté de sa sexualité, peu de gens demanderaient ça. Mais il n'était pas un monstre pour moi, et je n'avais pas peur.

Et... et cette première nuit fut intense. Nos corps se cherchaient, jouaient, se parlaient avec une fluidité déconcertante - et nous savions sans le dire que cette nuit partagée ne serait pas la seule. J'eus beaucoup de remarques et regards curieux pendant quelques jours, parce que les traces violettes de mon cou étaient impossibles à cacher - mais je n'y tenais pas, de toutes façons. Je rassurai les gens, sur le fait que ce n'étaient que suçons et morsures qui avaient été fort agréables, mais c'était effectivement très impressionnant puisque mon vampire lui-même ouvrit des grands yeux (enfin, jusqu'à ce que je lui dise de regarder le sien, de cou).

Je dormis de nouveau avec lui deux jours plus tard, et presque toutes les nuits de mon séjour prolongé. Enfin... nous dormions assez peu, ayant mieux à faire, et d'abord notre soif mutuelle à assouvir, notre relation à construire. Et il m'ouvrit des portes que j'avais ignorées, parfois barricadées. Prêt à satisfaire mon attrait hésitant, ma curiosité indiscrète - il a aussi peu de tabous que moi pour parler de son privé, et le champ de ses pratiques sexuelles me semble infini - je pensais pourtant avoir beaucoup exploré le mien.

Notre relation commença sur un contrat implicite qui me laissait l'initiative. Pourquoi? Parce que la plupart des femmes qu'il connait se sont faites violer, et qu'il ne veut pas (plus?) le faire. Parce qu'il habite dans un milieu de féministes militantes, et qu'il travaille à sa déconstruction masculine, pour ne pas reproduire le shéma "normal" de domination de l'homme sur la femme... et aussi parce que ses fantasmes sont ainsi, bien sûr. Et puis c'était un jeu entre nous, un de ces jeux très sérieux.

Mais cette relation qu'il me proposait, j'en avais peur. Parce que, comme me l'a fait remarquer Lunar, c'est l'exact opposé de ce que j'ai vécu et recherché avec lui. Parce qu'accepter du pouvoir sur quelqu'un, c'est réaliser les responsabilités qui y sont liées. Parce que cela demande de connaître et/ou de repousser ses propres limites et celles de l'autre tout en les connaissant intimement. Parce qu'assumer des caprices, c'est très différent de chercher à humilier l'autre. Parce que je l'aime et que j'ai une peur panique de faire souffrir les gens. Mais... ce contrat que nous avons passé, je crois qu'il peut nous faire avancer beaucoup tous les deux, et surtout il correspond à un vrai désir de chacun de nous. Avec lui, je pourrai être aussi exigente que je sais l'être. Pour moi, il saura être dévoué à mes envies.

Il arrive demain... je suis pressée de le revoir et de continuer à construire avec lui cette relation étrange.

Globalement incohérent

Actuellement, dans ma vie, je vis plein de choses merveilleuses, drôles, touchantes, nouvelles, agréables, enrichissantes, intrigantes. Mais j'ai un peu l'impression, lorsque j'essaie de superposer tout ça pour venir vous le raconter, que ma vie est une mosaïque d'éléments sans rapports, un kaléidoscope tourné à toute vitesse, bref, une image psychédélique. Alors en vrac, djrom m'a donné un lien parlant de la journée de la serviette, j'ai appris trois mots de polonais, arrosé un jardin, mangé des fraises, oublié d'aller aux assedics. Rien d'extraordinaire, sauf que je pourrais écrire un article sur chacune de ces choses, sans avoir à meubler. Alors je m'oblige à éliminer des trucs... M'enfin, pas tout quand même.

Et puis... je suis sûre que ça ne vous est jamais arrivé de vous lever au milieu d'une nuit de tendresse pour vous préparer un petit-déjeuner nocture, et de commencer à discuter de capitalisme et de tolérance avec un lettonien cuisinant des crêpes !

Et sinon, je tiens à vous faire partager ces mille raisons qui font que les geeks, je les aime :
23:42 <Solveig> c'était comment, l'Extérieur?
23:42 <Solveig> (42)
23:43 <djrom> ce qu'il y de bizarre avec Dehors, c'est qu'on a presque l'impression que c'est réel

Et sinon, dans les choses importantes... Lunar est arrivé, à mon grand malheur il ne reste que deux jours mais le revoir me fait vraiment du bien. Je l'ai englouti sous mes mots retenus trop longtemps, puis nous sommes allés nous coucher et nous sommes sérrés l'un contre l'autre, en silence, le temps d'intégrer la présence de l'autre. J'ai exploré son corps, du bout des doigts, des lèvres, des dents - incontestablement le même, étonnament différent. Retrouvé ses mains fines glissant sur ma peau, sa bouche comme un puit de douceur pour la mienne, ses yeux brillants de joie, cernés de fatigue. Découvert quelques endroits où les morsures lui sont agréables, et aussi que ses cheveux forment un écosystème viable sans mon intervention. Avons, tout doucement, alterné câlins et paroles, dans un jeu de ré-aprivoisement mutuel. Puis avons dormi, et je me suis rendu compte de mon manque : je dors terriblement bien lorsque j'ai le nez dans ses cheveux, les bras autour de son torse, une jambe entre les siennes. Et ce matin... je me suis réveillée tôt (avant midi!) et suis descendue aux toilettes, mais suis retournée me coucher pour avoir une deuxième fois cette extraordinaire joie de me réveiller près de lui. D'ailleurs, j'espère bien qu'il ne sera pas endormi avant que j'aille me coucher, donc bonne nuit à tous...

vendredi 21 mai 2004

Jaune? Curieux...

Je pensais écrire pour vous parler des différences irréductibles entre les adeptes de la tarte au citron, et ceux de la tarte au citron meringuée, parce que moi aussi je peux faire des posts inutiles.

Au lieu de ça, je suis tombée chez Raph, son blog s'appelle Déclaration d'Humeurs, et j'ai aimé son écriture, alors j'ai commenté chez lui et je l'ai ajouté à mes liens. Attrait virtuel comme il en arrive tous les jours, oui... sauf qu'il m'a répondu pour me signaler cet article, et je suis toute impressionnée, une fois de plus, face à tant de compliments, face à cette déclaration d'amour inattendue. Et tout cela entremêlé de petites coïncidences, les titres proches, son adresse "curious.yellow.free" qui m'inspire, son dernier article comme un écho au mien... Alors merci à toi, et j'espère que la fée synchronicité nous rejoindra souvent, par les mots ou dans la vie, qui sait?

Vampire trans-sibérien

Il est androgyne. Je dis "il", parce que je le perçois essentiellement comme masculin, et puis parce qu'elle me fait un peu peur. Elle est exigente, forte, écrasante presque. Il est docile, attentionné, dévoué, patient, tendre. C'est schizophrène, hein? Mais au moins, c'est une manière efficace de gérer ses contradictions...

Il se travestit en "elle". J'aime sa manière de détourner les symboles. J'aime le voir en talons aiguilles, les yeux bordés de noir, ou lacé dans un corset. J'aime aussi le mettre nu, poser les mains sur le collier en cuir enserrant son cou, et lire dans ses yeux qu'il attend mes ordres.

J'ai peur de ce qu'il révèle de moi, peur car il réveille l'enfant capricieuse que j'ai mis si longtemps à endormir, celle que ma soeur avait surnommée Princesse, surnom mi-affectueux, mi-moqueur. Peur de me savoir "mangeuse d'hommes", possible mante religieuse. Peur d'avoir mouillé en l'attachant et en lui infligeant de suaves tortures, guidée par ses soupirs de plaisir. Peur d'assumer ces fantasmes violents que tout le monde cache, par souci des conventions mais aussi parce qu'ils sont réellement dangereux. Peur, plus classique, de cet amour envahissant, intense, merveilleux. Mais... mais je suis heureuse. Je découvre de nouvelles choses, que je vais devoir intégrer. Je prends, pour la première fois depuis très longtemps, la latitude nécessaire pour laisser brûler cette passion inattendue.

Et ne vous inquiétez pas. Je ne me perdrai pas dans ces sentiers épineux, et cela n'implique pas un changement de mes autres relations.

PS pour Kobal (oui, encore) : Désolée, pour l'auto-mutilation... tu peux le faire, si cela te procure du plaisir (élément que je n'avais pas pris en compte).

Blocages

Je m'énerve, récemment, de ne pas réussir à dire ce que je voudrais : je viens encore de passer une nuit blanche, entamant deux articles, mais les mots m'en semblent vides de sens comme de beauté...

Je touche à des sujets qui ne me sont pas familiers. Je dois révéler des choses de moi qui me font peur. Mon écriture si rare ne me permet plus de vous donner des nouvelles suivies. Et, oui, il m'a touchée en disant qu'il était surpris de trouver mes mots "naïfs".

Alors je vais essayer de dire les choses quand même, mais... soyez tolérants. Je vais faire de l'approximatif jusqu'à avoir retrouvé un ton qui me convienne.

jeudi 20 mai 2004

Il parle aux fées...

Trouvé chez Kobal, un questionnaire idiot :

<br />Etes vous heureuse ? : Oui. Plus que jamais.

<br />Qu'est ce qui vous rend heureuse ? : J'aime, je vis, je suis libre et je choisis, je suis entourée de gens merveilleux et ma vie est en accord avec mes idées. En plus, il fait beau!

<br />Cette nuit, une fée se penche sur votre lit et vous permet d'exaucer 3 voeux, lesquels ? : Abolition de l'argent, du travail salarié et du mariage. Après, on pourrait commencer à construire le bonheur... ou alors me retrouver un jour entourée de TOUS celleux que j'aime, être capable de respirer sous l'eau et faire l'amour en apesanteur... ou alors, juste un thé, des tartines et un fruit, pour petit-déjeuner au lit.

Tu sais, Kobal? A force de vouloir l'absolu, on arrête de voir ce qui est Beau dans le présent. Mais tu ne voudrais pas être heureux, avoue. Tu t'ennuierais... beaucoup plus difficile de meubler la joie que l'ennui.

Ca fait toujours plaisir de me voir en négatif à travers tes choix... quand c'est qu'on se voit? Ca fait longtemps que je me suis engueulée avec personne :)

mercredi 19 mai 2004

Descente des alpages

Comme l'a prédit ma soeur , je suis finalement revenue des montagnes. Je comptais passer trois jours à Grenoble, j'y suis restée trois semaines. Je comptais visiter tous les squats, je n'ai vu que la traverse. Je comptais vous faire suivre mes évolutions, je n'ai même pas su donner des nouvelles à ceux que j'aime, ni prendre les leurs...

Me revoilà donc, en décalé. Décalage temporel - je vous raconterai ce que j'ai vécu dès que j'aurai les mots pour, promis, et décalée dans les faits. J'ai eu beaucoup de mal à m'extraire du trou noir, du vortex. Pas parce que j'allais mal, bien au contraire. Mais... parce que j'ai renoncé à avoir un agenda, à planifier des choses à l'avance. Choisi de vivre au jour le jour, pleinement dans chaque instant. Sauf que lorsque l'on est plus attaché par les petites obligations du quotidien, c'est facile de s'éloigner de sa vie. Partir aujourd'hui, ce fut vraiment dur. J'aurais voulu nier le réveil, la date, les engagements. Mais je l'avais déjà fait la veille, et le jour d'avant, et... en attendant plus, je n'étais pas sûre d'en être encore capable.

Alors j'ai remis mes affaires dispersées dans mon sac, marché jusqu'à la gare sous un soleil éblouissant - surtout pour mes yeux adaptés à la pénombre de la chambre, rougis par les larmes et la longue nuit à parler (mais pas seulement). Acheté un billet, trouvé le quai, ouvert mon livre - ne pas réflechir, mode zombie enclanché. Dormi dans le train, pris le bus, visité le quartier par manque d'orientation. Et enfin, frappé à la porte des Tanneries, salué et expliqué mes retards accumulés (les suçons de mon cou m'économisent les détails), mangé chaud et repris contact avec mes mails, les blogs des gens que j'aime. Et enfin, vers cinq heures (mon horloge interne va avoir du mal à retrouver un rythme cohérent), sortir de la salle réseau et m'apercevoir que la maison est obscure, les gens couchés. Arriver dans la cuisine en aveugle. Allumer, découper du pain en regrettant l'absence de grille-pain, tartiner la margarine et éplucher une poire. Et soudain, comme un coup de poing dans l'estomac, réaliser que je vais prendre ce petit-déjeuner nocturne seule, qu'il comblera ma faim mais pas le vide de son absence.

Je suis encore tombée amoureuse. J'ai toujours du mal avec la réalité dans ces cas-là...

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.