Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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vendredi 13 janvier 2006

Bronzer sous la neige

Milieu de la nuit. Après de longues heures à bosser sur mon ordinateur, je détourne les yeux de la luminescence de l'écran. Je vais écarter mon rideau pour être certaine de saisir l'instant où le jour se lèvera. Et là, les néons orange de la route se reflètent sur un paysage blanc. J'ouvre la fenêtre, de toutes façons ma chambre est presque à la température extérieure... la neige tombe à gros flocons, les arbres en face de moi sont déjà enveloppés d'une robe givrée, je baisse le regard et je tremble, non pas de froid mais d'émoi, face aux buissons dont chaque branche miroite, nettement détachée par le halo doré. Le décor familier est transformé en univers fantasmagorique ; cette étendue vierge me donne envie de disparaître en elle, de saisir les étoiles de glace, de me rouler dans ses congères. La clarté aux couleurs chaudes me fait rêver qu'il est possible de s'étendre dans la neige pour y bronzer...

jeudi 5 janvier 2006

Rupture familiale

Je viens de lire un article de chondre au sujet de couper les ponts avec son père... Ça fait écho en moi.

Ça fait plusieurs mois que je n'ai pas vu ma soeur, que je ne lui avais pas parlé. Au début, les gens bien intentionnés m'ont ressassé jusqu'à la nausée que "je ne peux pas m'arrêter là, c'est ma soeur tout de même"... m'ont fait la morale, expliqué que ce n'était pas bien pour moi et méchant pour elle, puis forcément lorsque la famille l'a appris, j'ai été "très dure avec elle" et ils n'ont pas voulu comprendre que je ne vienne pas aux fêtes de famille pour ne pas la voir. Ça fait souffrir mon frère et il m'en veut, et ma mère aimerait que je vienne lui rendre visite mais ma soeur est retournée vivre chez les parents, et j'ai déjà assez de mal à voir mes parents, alors je n'irai pas.

Bref, drame familial. Où je suis la méchante, bien entendu. Alors... moi y'a un truc que je comprends pas. Bien sûr elle n'est pas un monstre, ce n'est pas la question. Mais elle m'a fait mal, très mal, les tentatives pour réparer ont fait davantage de mal, alors à un moment j'ai décidé d'arrêter de la voir : c'est ce qu'on fait quand une relation est complètement pourrie et n'a plus rien à apporter, non ? Je trouve insupportable que, sous prétexte de lien de sang, on ne puisse plus se demander ce que l'on a envie de vivre avec telle ou telle personne. Je ne dis pas que c'est chouette - c'est toujours triste lorsqu'une relation qui a été forte finit, mais parfois c'est nécessaire.

Au fur et à mesure, les gens se sont habitués et les remarques sont moins fréquentes. J'ai pu reléguer enfin toutes ces rancoeurs, rancunes, colères, douleurs et tristesses dans un coin de moi, et réapprendre à vivre. C'était pas facile. Et il y a trois jours, j'ai vu apparaître un onglet à son nom en bas de mon écran irc. Elle avait finalement respecté le silence que je désirais pendant plusieurs mois, et là je devinais ce qu'elle voulait me dire. J'ai été chamboullée, énervée un peu qu'elle vienne ébranler ma sérénité de ces quelques jours. Ignorant ce "ping", j'ai fini mes tests (la mise en veille des ibook ne fonctionne pas sous linux, ça plante). Après quelques redémarrages et avoir renoncé à régler le problème, je me suis décidée à répondre. Elle ne s'y attendait plus. Nous avons échangé quelques phrases. J'ai eu l'impression qu'elle comprenait pas ce que je lui disais, mais elle essayait je crois, et puis elle m'a proposé de nous communiquer les endroits où nous comptons être afin de ne pas se croiser - lorsque je l'avais demandé il y a plusieurs mois, elle m'avait répondu que ce n'était pas à elle de gérer cette décision arbitraire de ma part... là, elle me reconnait enfin la possibilité d'avoir des besoins/désirs peut-être pas rationnels pour elle, mais qui sont miens et n'ont pas à être justifiés : c'est ce que je ressens, on peut y trouver des explications ou pas, des bonnes raisons ou pas, l'apprécier ou pas, mais pas les nier.

J'ai été heureuse de cette conversation. C'est un pas positif. P't'être ça ira pas plus loin. S'il me faut encore dix ans avant d'être capable de lui parler, je les prendrai. Et p't'être vous trouvez ça triste, moi je ne compte pas me forcer à faire des choses parce que "ce serait bête de rester fâchées avec ta soeur". Mais hier, j'en parlais à ma nouvelle cohabitante et pour la première fois, elle a donné un avis qui m'aide sans juger ou prétendre connaître mes sentiments mieux que moi. Elle m'a suggéré que ça pourrait être un bon outil, le jour où je serai prête à lui reparler, d'essayer l'écoute empathique : technique par laquelle l'une des deux personnes parle pendant dix minutes, puis l'autre doit lui répéter ce qu'elle a dit, puis si la première n'a pas l'impression d'avoir été comprise, elle rectifie et répète certaines informations jusqu'à ce que tout le message soit passé ; on peut éventuellement inverser ensuite. Ça permet d'être sûrE d'avoir été entenduE, et il est ensuite possible de reparler des idées, d'exposer sur quoi on est pas d'accord, parce que le problème majeur que j'ai avec ma soeur c'est que j'ai l'impression qu'elle interprète tout ce que je dis avant même de l'écouter : je suis contente de cette idée, puisque notre communication est pourrie c'est bien d'avoir des outils avant de penser à la rétablir.

mercredi 4 janvier 2006

This is my stop

djrom m'a donné son ibook, cassé, lorsque je suis passée à Nantes. Sur le chemin du retour je me suis arrêtée rue montgallet pour acheter un nouveau disque dur, et après de difficiles recherches pour me procurer des tournevis torx minuscules, j'ai pu m'attaquer à la réparation. Ça m'a pris une nuit, heureusement que j'avais une bonne notice avec photos et un Ernest pour démonter "gently" la coque. Ensuite, j'ai fait l'install d'ubuntu (toute seule) et je vous annonce la naissance de mon nouveau compagnon, banshee (pour rester dans les créatures fantastiques). Je suis assez fière... le moment où j'ai tenu la carcasse éventrée de la machine m'a fait assez peur, je dois l'avouer, mais au final il ne m'est resté qu'une vis pas remise et un petit bout de plastique, mais puisque ça fonctionne, ça devait pas être essentiel hein... par contre si quelqu'un a un plugin dotclear pour éviter le spam de commentaires ce serait chouette, j'ai été obligée de passer en modération avant publication et je dois en supprimer plusieurs chaque jour...

J'ai plein de choses à raconter, trop. De nombreux voyages : voir Jonathan à Angers, découvrir sa nouvelle vie ; retrouver des copines de fac et avoir encore des choses à échanger ; voir des amiEs à Nantes et geeker, me faire conseiller des livres et aller les chercher dans la foulée ; croiser en quelques jours des amis de Paris dont la vie a été mouvementée, découvrir avec joie que mon frère va mieux ; passer quelques jours à Dijon, m'y sentir mal, fuir dans la campagne avec Ernest, y prolonger mon séjour parce que j'ai raté l'organisation du voyage que j'avais prévu en Allemagne et au Danemark, et pourtant ne pas réussir à échanger vraiment avec lui...

Revenir à Dijon juste avant les fêtes de fin d'année, me retrouver seule dans la maison pendant noël - être heureuse de ces quelques moments de solitude, d'avoir évité les réunions familialles : j'aime ma famille, mais pas quand tout le monde est réuni ; scotcher trois jours à regarder tous les épisodes de Daria, bouffée d'oxygène de ce cynisme ; puis le retour des gens, découvrir toutes ces nouvelles personnes venues habiter ici ces derniers mois, apprendre à cohabiter avec Lunar ; souffrir du froid hivernal dijonnais, récolter des engelures aux orteils (je croyais que ça pouvait arriver qu'au pôle nord !), ressortir mes gros pulls et traîner au lit le matin pour savourer la chaleur ; écouter CocoRosie et Electrelane en boucle, trouver le dernier Bordage en belle édition pour l'offrir à Dilo et rire lorsque j'ouvre son cadeau : il m'a choisi le même !

Revoir Camille, me sentir neuve avec elle, amoureuse et mièvre sans l'être. Comme toujours, savoir le temps compté parce qu'elle ne peut rester longtemps, et être d'autant plus heureuse qu'elle prenne la peine de passer, et que nous pouvions vivre cette relation sans la compliquer. Faire du sexe avec elle, en ayant le sentiment d'avoir tout à apprendre, sans certitudes et pourtant avec plaisir, oser expérimenter.

Finir enfin de regarder la série de Twin Peaks avec bohwaz avant qu'il mette à exécution sa menace de finir seul, et me vautrer dans son appart surchauffé et sa douceur ; avaler soja dessert vanille, clémentines et papillottes en nous racontant nos vies, lui dire le lendemain sur irc que ça m'a fait du bien, le faire rire en lui disant que j'ai trouvé ses écrits "moins glauques".

Réparer mes trois adresses mails auxquelles je n'avais plus accès depuis des mois, et y découvrir des messages émouvants : merci Shiva.

Avoir Ernest au téléphone le 30, qui est seul depuis plus d'une semaine chez lui parce que son cohabitant a repoussé son retour, lui proposer spontanément de venir passer quelques jours aux Tanneries actuellement pleines de monde, et savourer le goût de folle liberté lorsqu'il confirme qu'il va faire nuit blanche, partir en stop et me rejoindre le 31 au soir : tous les deux épuisés par nos nuits blanches, nous pouvons tranquillement boycotter cette fête obligée en nous blotissant ensemble au fond d'un lit, à parler de tout et de rien. Et le lendemain soir, nos câlins qui glissent vers les caresses - son corps m'émeut toujours autant - puis lui demander s'il a envie de me faire un cunilingus, il me répond qu'il pensait justement à me le proposer et je le surprends en ayant un orgasme plus tôt qu'il ne l'attendait ; j'adore son sourire lorsque, émergeant de sous la couette, il demande "encore ?", mais je le prends dans mes bras - je veux juste retrouver mon souffle contre lui... quelques minutes plus tard, je demande si son offre tient toujours, il me le prouve.

Et aujourd'hui, je me réveille. Nouveau jour. Nouvelle vie. Ernest m'a fait des bisous avant de repartir, tôt ce matin. Camille m'a réveillée tendrement hier aprèm. Je trouve plein de fruits pour faire mon petit-déjeuner (même de la mangue et de l'ananas). Des amis m'attrappent sur irc pour me demander de venir les voir, et ça y est : j'ai retrouvé plein d'énergie. Je me sens débordante d'envie de vivre. Quelque chose chante en moi.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.