Complément d'humeur

Vivre me prend tout mon temps

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mercredi 24 décembre 2003

Je rêve d'une île déserte...

J'ai trouvé tous les cadeaux qui feront (je crois et j'espère) plaisir aux gens. Le menu est décidé, Eve et Romain font les courses. Mon frère cherche aussi un sapin (on a déjà l'étoile et les cadeaux au pied mais l'intervalle est très virtuel). Je finis tôt, j'aurai même sans doute le temps de me faire belle (autant que possible, je suis pas très coquette en ce moment). J'ai commencé les paquets hier soir, il m'en reste assez peu à emballer et puis c'est ce que je préfère. C'est une soirée cool avec que des amis, le repas de famille c'est pour demain midi.

Alors pourquoi est-ce-que je commence à stresser, à me dire que ça va foirer comme souvent, que la magie n'y sera pas mais le laborieux oui ? Peur d'être déçue. Fatigue - ça fait huit mois que je travaille et je n'ai pas encore eu de vacances. Enervement, parce que celles-ci seront trop courtes et que je n'en ferai pas ce dont j'ai vraiment envie : je suis sage, je vais rester quelques jours avec ma mamie, ne me précipiterai pas à Angers. Et puis marre d'organiser des fêtes, je n'ai rien prévu du tout pour le 31 décembre et personne ne m'a rien proposé - d'habitude c'est moi qui fais, pourquoi se bougeraient-ils ? Alors je crois que le soir du réveillon, je vais aller me faire un bon resto avec un bon bouquin, et on s'entendra à merveille tous les deux.

Sinon ma boulimie d'écriture se calme un peu, j'ai encore quelques posts qui me tiennent à coeur à venir mais je vais pouvoir adopter un rythme plus calme. De toutes façons je serai en vacances donc à priori sans accès au net jusqu'au 5 janvier. Pis si c'est pour écrire des choses sans interêt comme ça autant me taire.

Faudrait que je prenne la bonne résolution d'arrêter de fumer, je tousse à longueur de temps et mon odorat s'atrophie. Faudrait que j'écrive à tous ceux qui n'ont pas eu de mes nouvelles depuis longtemps. Que je réserve des places pour tous ces concerts qui me font envie et que personne ne songera à m'offrir. Et des billets de train - voilà c'est fait. Plus d'excuse, je vais affronter le froid, les transports en commun et les fêtes de noël. Bon courage à vous.

jeudi 18 décembre 2003

J'aime les fêtes de fin d'année

Les arbres enlevaient leurs feuilles pour mieux se draper dans les décorations de Noël. C'est joli aussi. J'aime les petites étoiles qui parsèment les rues froides, les guirlandes rouges et or, parfois bleu et argent. J'aime penser pendant tout un mois à la meilleure manière de faire plaisir à ceux que j'aime, et trouver de temps en temps une vraie bonne idée que je note soigneusement. J'aime l'odeur du sapin, ça me manque de ne pas en avoir cette année. J'aime l'instant où les papiers colorés, brillants souvent, s'envolent dans un grand bruit de "Haaa" et "Wahou !". J'aime emballer en mettant dans chaque paquet le geste, et mettre des petites bêtises bien trouvées à l'intérieur - je me fiche du prix, l'important est que le cadeau ait un sens. Alors oui, c'est une fête commerciale - et religieuse en plus - mais ce n'est que ce qu'on en fait, et moi j'aime faire la fête. Ca me hérisse de voir les pubs qui nous ordonnent de dépenser cher pour cette occasion, et les gens qui stressent parce qu'il "faut" que le réveillon soit parfait. Mais ça ne m'empêche pas de l'apprécier, parce que je n'en garde que ce qui m'interesse : l'occasion de se réunir en famille - je vois la mienne assez peu souvent pour m'en réjouir au lieu de le subir ; l'occasion de faire des cadeaux - non, je ne me laisse pas racketter mon portefeuille par les marques, le prix n'a rien à voir avec le plaisir à recevoir ; l'occasion de faire un vraiment bon repas (ma mamie prévoit toujours de quoi tenir un mois), et ça me change de la malbouffe, parce que ce sont des vrais produits de la campagne, préparés avec amour (et beaucoup de temps) ; l'occasion de voir les étoiles, parce qu'elles fleurissent plus volontiers en Normandie qu'à Paris, faut croire que la pluie fait autant de bien au ciel qu'à la terre ; et puis aussi de recevoir quelques cadeaux, autant d'attentions touchantes, et de réunir ces trésors, de les admirer, savourer pendant au moins un autre mois - pis à partir de février je déprime à cause de mon anniversaire, et après je commence à rêver à l'été. Noël, ça veut aussi dire qu'à partir de cette date les jours rallongent.

Joyeux Nowel à tous.

mercredi 17 décembre 2003

Le bonheur

Le bonheur, ce n'est ni facile, ni mesquin, ni méprisable - eh oui Kobal, c't'à toi que je parle, même que ça faisait longtemps, mais me fallait le temps pour formuler tout ça (comment ça je suis lente ? Non, je dénie, je suis débordée, faudrait pas mélanger).

Vouloir être heureux, c'est faible, dis-tu. Ah bien sûr, c'est un désir banal. Mais de là à y arriver, excuse-moi, il y a un (grand) pas. Etre heureux, bien sûr, ce n'est pas avoir un mari une maison et des enfants, ou bien avoir un job super bien payé, ni même gagner au loto, pas plus qu'arriver premier dans une quelconque compétition. Ces choses peuvent rendre quelqu'un heureux (si c'est son rêve, parce que personnellement, elles me font pas palpiter), mais pour un moment seulement - ce qui n'est déjà pas négligeable, hein, tant mieux pour ceux à qui ça arrive.

Non, être heureux, c'est bien plus que cela. C'est une disposition d'esprit, une attitude. C'est un choix, aussi. Pas "ah tiens je vais être heureux", ni "je vais tout faire jusqu'à pouvoir être heureux", mais plutôt un effort de chaque instant. Pour rester éveillé, ouvert, aimant. Et non, ce n'est pas tous les jours facile. Même moi qui ai une grande aptitude au bonheur j'ai parfois du mal à l'assumer. Des fois, oui, la vie paraît grise et lourde et douloureuse, et fausse. Mais en fait, ce n'est pas être lucide que de n'en voir que le sombre côté. C'est facile, bien plus que d'en savourer la sève, mais c'est là qu'est l'erreur. Tu crois qu'être heureux c'est faible, au contraire cela demande de la force de ne pas se laisser décourager par les petites (ou grandes) contrariétés. Tu crois que c'est vain, alors que c'est de vivre sans y croire qui est inutile. Tu crois que c'est faible, bas, mesquin. Juste parce que c'est beau. Alors chéris tes incohérences si tu veux, moi je chéris la vie elle-même. Parce que, bien sûr on en fait souvent de la merde, mais si ça te dégoûte tellement, c'est bien que ça te déçoit. Que toi aussi, quelque part, tu voudrais réussir à l'aimer, à t'aimer, à aimer les autres et le reste. Mais tu as peur - et je te comprends, elle mord. Mais elle est merveilleuse parfois, et à rêver de perfection tu ne fais que salir ce qui est déjà beau en étant imparfait. La perfection est un piège, un leurre, un mensonge. Un idéal, bordel, ce n'est pas fait pour être vécu tel quel, c'est fait pour aller vers lui - et heureusement qu'on ne peut pas l'atteindre, sinon on arrêterait de grandir, d'évoluer, de s'améliorer, ou simplement d'essayer. Le monde idéal serait chiant à mourir, dans le nôtre il y a plein de choses à changer, tant mieux. Mais bien sûr ça demande de se bouger un peu au lieu de se regarder le nombril, de se motiver, de s'enthousiasmer aussi, et d'y croire. Tu fais ce que tu veux, je n'ai pas de conseil à donner et d'ailleurs c'est drôle souvent d'avoir ta voix dans ma tête qui vient toujours me contredire, ça fait avancer la discussion. Juste... ne méprise pas mes choix, ils ont leur propre noblesse et aussi leurs fardeaux. La vie est belle mais c'est un poids que de le savoir, ça interdit de baisser les bras. C'est un soutien aussi, ça interdit de baisser les bras :)

Alors oui, les gens qui passent leur vie à se lamenter de ne pas être heureux sont un peu ridicules. Parce que souvent ils n'essaient pas, ou si peu. Parce qu'ils font autre chose de leur vie peut-être, et dans ce cas ils n'ont qu'à reconnaître que le bonheur n'est pas leur priorité. Mais ceux qui sont heureux, je ne les trouve pas risibles. Ils ont trouvé leur chemin, et rayonnent autour d'eux. J'aime les gens heureux. M'enfin rassure-toi (ou pas), j'aime aussi ceux qui dépriment. Parce que j'espère pouvoir les aider. J'aime les gens. Je t'aime, toi qui lis ces mots, qui que tu sois (je prends pas trop de risques, je pense pas qu'un extrême-droite viendrait me lire, ou alors il finirait pas le post. M'enfin au cas où, si tu votes FN : t'es pas obligé de le prendre pour toi).

mardi 16 décembre 2003

Lunar'niversaire

On le croirait intemporel, toujours égal à lui-même et indifférent au passage du temps. On se tromperait peu : il s'en fiche, et sa maturité / maturation n'a rien à voir avec les années. Enfin tout ça pour dire qu'aujourd'hui Lunar a 21 ans, toujours un enthousiasme d'enfant et déjà une réflexion d'adulte, avec l'investissement d'un adolescent. Je t'aime petit Lu', et te souhaite plein de bonnes choses : réussir à terminer tes multiples projets, en trouver d'autres bien sûr, retrouver ton militantisme et rencontrer des gens merveilleux, et puis avoir une douche, pourquoi pas ?

Je sais bien que les anniversaires signifient peu pour toi, mais c'est juste une occasion (qui n'en exclut pas d'autres) de rappeller aux gens à qui l'on tient que l'on est là pour eux. Je penserai à toi toute la journée, et suis préssée de pouvoir te le souhaiter de vive voix. Merci d'être toi.

lundi 15 décembre 2003

Des méandres au creux des reins

Vous avez déjà pleuré en faisant l'amour ? C'est étrange, comme situation. Ca ne m'est pas arrivé souvent, mais à chaque fois c'était un moment très particulier.

La première fois, je venais de dévoiler à mon amoureux de l'époque ces choses qu'on prend l'habitude de taire parce qu'elles nous font souffrir. Il a tenté de me consoler, et ne sachant plus que faire ni que dire, il m'a doucement fait l'amour, et je n'ai pas arrêté de pleurer pour autant mais c'était la meilleure consolation qui soit à ce moment-là : me donner la douceur du monde pour m'en faire oublier l'amertume.

La seconde fois, toujours avec lui. C'était la première fois que j'avais un orgasme en étant au-dessus, et j'ai été submergée d'un coup par mes sensations que je retenais plutôt que de m'y laisser aller. Raz-de-marée.

Ca m'est arrivé de nouveau, il y a deux mois je crois. Jonathan me faisait l'amour, mais ce n'était plus comme avant, et je ressentais cruellement les séquelles de cette année de séparation, dans ses gestes qui avaient perdu leur exactitude, dans ma façon de faire qui n'était plus accordée à la sienne. Lorsque, sentant mon détachement, il s'est arrêté pour me demander "Ca va ?", j'ai éclaté en sanglots mais l'ai empêché de se retirer, parce que sentir la distance entre nous était déjà si insupportable que cette séparation de nos corps m'aurait déchirée une fois de trop. Après nous n'avons plus fait l'amour jusqu'à notre séparation.

Et hier, j'ai pleuré de nouveau. Dans la nuit, après un long week-end à se réapprivoiser, à s'émerveiller de retrouver tant de choses entre nous, à se promener, à boire du thé et à se rouler des clopes, à se confier toutes ces choses que nous ne pouvons dire à d'autres, à se donner de la tendresse sans crainte d'en manquer. A redécouvrir nos corps, timidement comme des adolescents, balbutiants, mais jamais maladroits : nous nous connaissons si bien. Refusant de brusquer les choses, ne nous sentant pas obligés. Me retrouver pour la première fois effrayée de faire l'amour, dormir avec un T-shirt et retenir sa main lorsqu'elle éveille en moi trop de tourbillons. M'endormir dans ses bras lorsque nous avons murmuré notre douleur, nos doutes, notre joie. Et hier, puisque j'avais finalement pris un train pour ce matin, dépasser ensemble peu à peu toutes ces barrières. Se blottir l'un contre l'autre lorsque nous reprenons notre souffle, haletants de ces sensations si fortes - vous savez, lorsqu'effleurer l'épaule ou embrasser le cou deviennent des caresses insoutenables. Penser plusieurs fois qu'on va s'arrêter, avant de le faire, parce que le banal n'a rien à voir avec ce que nous désirons. Ne pas avoir envie de faire l'amour pour le sexe, mais continuer parce qu'on reste sur le fil du sacré, de la transcendance peut-être. Calmer une bouffée d'angoisse dans ses bras, le prendre dans les miens un peu plus tard pour apaiser la sienne. Et enfin, lorsque je le prends en moi, me mettre soudain à pleurer. De joie. Bonheur pur, extase de se sentir Un de nouveau. Sans hâte, aller ensemble jusqu'à l'orgasme, et l'atteindre en même temps - notre entente est si parfaite qu'il ne peut en être autrement en cet instant. Décider de tacher les draps plutôt que de bouger. Etre apaisés, ensemble, heureux. Et savoir que demain le train m'emporte, ignorer comment nous vivrons notre relation à présent, sentir malgré tout qu'elle nous est nécessaire.

Quote

par Nacara

Parce qu'il ne se quote pas lui-même et que c'est bien dommage parfois, parce qu'on peut en perdre de belles :

Corsac: {La vie, c'est comme un film, si t'as pas aimé, t'as perdu 5 euros, sinon, t'es gagnant, alors autant être bon public.}

jeudi 11 décembre 2003

Chaises musicales

Il est temps que je raconte ParisCarnet, tout de même !

Je suis arrivée tôt, pour une fois. Et puis j'étais en forme comme promis. Après avoir salué le serveur et commandé mon traditionnel Martini avec "beaucoup, beaucoup, beaucoup de citron", j'ai rejoint la table des bloggueurs ponctuels : Thom->http://www.vostyx.net, Arnaud, et Lewis. On a commencé à parler, et très vite la table s'est allongée : PierreBernard de CraoWiki, la souriante Cél ine, l'incontournable Mouche (qui blogue aussi perso, l'autre site je le linke pas si vous connaissez pas repentez-vous), Nikko qui est un mec bien parce qu'il me lit des fois, François (argh c'est en anglais, trop flemmarde - EDIT : en français), puis a commencé une partie de chaises musicales parce que, prise de bougeotte, je suis allée réclamer un échange. J'ai donc commencé à interroger Eric et sa porte de secours, Pascale qui commence un roman, Baptiste qui disait avoir fermé mais semble avoir blogué depuis, Lisbeï et sa jolie écharpe rouge, Xavier, Laurent de retour sous une nouvelle forme, Stéphane qui parle technique, Telex, Rebecca la Morue qui a rougi mignonnement lorsque je l'ai complimentée sur ses seins, Gregory qui est selon Lisbeï "l'une des plus belles plumes du net", Kasparov et la radieuse ^^v^^, QasU dont la vie sexuelle va "éventuellement plutôt bien", Stéphane avec qui nous avons pu parler de sexe sans vulgarité, PlatDuJour qui fait de superbes photos et est un mec bien (il portait un T-shirt de Björk), Songe, Addy toute timide, et... ah tiens ça y est.

J'ai la flemme d'en faire un truc bien, en gros j'ai cité les noms dans l'ordre où vous vous êtes inscrits sur la liste. J'ai pas noté Bap, Fleur, Nacara et Lunar qui sont dans mes liens. Merci de vous êtes tous prêtés à mon jeu, désolée pour la banquette que j'ai piétinée et les chaises que j'ai piquées, et désolée aussi car la plupart des commentaires que j'ai notés je les garde pour moi, après tout j'ai pas pour vocation d'ouvrir un annuaire de blogs, hein. C'était drôle d'être l'enquêteuse d'une soirée, avez-vous aimé être interviewés ?

Prochaine fois, penser à préparer une petite liste de questions pertinentes et /ou drôles, pour changer.

A bientôt donc ! Et puis je sais j'ai pris du retard dans la publication, mais de toutes façons ce post est nul. Mais avec tous ces liens c'est joli, c'est plein de couleurs :)

mardi 9 décembre 2003

Bisounours

Lunar est venu me chercher à la gare dimanche soir (même que j'avais raté mon train alors je suis arrivée une demi-heure plus tôt - oui je sais, ça surprend la première fois). Il avait pris les horaires de la prophétie des grenouilles, parce que je lui avais dit que le titre me plaisait, et on était à l'heure au MK2 Bibliothèque (j'adore les fauteuils doubles). Y'avait peu de gens dans la salle, des acharnés d'animation je suppose. Et le film était superbe, doux et tendre et triste et drôle et beau. Et vrai, aussi. On est rentrés chez lui, il m'a fait à manger, puis le froid nous a poussés sous la couette, pour nous réchauffer en caresses. Réveil tout aussi tendre, parsemé de bisous et petits câlins. Partis ensemble, restés bisounours jusqu'à mon changement. La bulle enchantée m'a suivie toute la journée.

Enterrement

Mes parents m'ont rejointe à la maison vendredi soir. Maman m'a accompagnée à la cave pour aller chercher la boîte où Eve avait mis le corps de Morphine (merci soeurette d'avoir géré les odieuses contraintes matérielles qui accompagnent la mort). En portant le "cercueil", je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que mon chat pesait le même poids qu'{avant}. Mais avant, il aurait grimpé sur mon épaule, il n'aurait pas été rigide dans un carton. Enfin bon... samedi, j'ai montré à mon papa l'endroit qui me convenait, et il a creusé un trou dans ce recoin moussu. Ils ont refermé avant que je sorte voir, mais on a choisi ensemble une grosse pierre avec une forme bizarre, j'ai trouvé une fleur pas trop fanée (un crysanthème, donc de circonstance, mais jaune). Et puis j'ai regardé les arbres dégarnis qui surplombent la tombe, et j'ai souhaité qu'il découvre la nature lorsque ses molécules formeront les feuilles de l'été prochain. J'aurais aimé trouver une épitaphe, mais je n'avais pas envie de le résumer en une phrase, alors je lui ai juste offert un sourire derrière mes larmes.

vendredi 5 décembre 2003

Décès

Je voulais blogguer sur ParisCarnet, mais je ferai ça la semaine prochaine. J'ai trouvé mon chat mort en me levant jeudi matin, et je n'ai pas la tête à autre chose qu'à pleurer encore. Il s'appellait Morphine, avait un peu plus de deux ans et je n'avais pas remarqué qu'il était malade. Il a été mon compagnon fidèle, a veillé sur moi quand ça n'allait pas, m'a donné sa tendresse sans compter, s'est laissé embêter abominablement par amour pour moi, et il est mort seul, en mon absence, caché dans sa litière. Même rigide, même immobile et froid, il restait beau, pourtant. J'aurais aimé pouvoir lui faire des câlins pendant quelques années, ou au moins être là pour accompagner son départ. Il me manque. Je pars ce soir en Normandie pour l'enterrer dans le jardin de mes parents. Il ne viendra plus se glisser le soir sous ma couette, ne m'attendra plus derrière la porte quand je rentre du boulot, ne viendra plus s'installer sur mes genoux pour réclamer sa dose de câlins, ne traversera plus l'appart en courant en mode "random", ne m'appellera plus au lit lorsque je traîne le soir. Je ne pourrai plus l'installer sur mon épaule lorsque je fais la vaisselle, ou lui parler de mes problèmes, ou l'embêter gentiment, lui manger le ventre, lui lécher l'oreille avant de souffler dessus pour voir son air offusqué, marcher en traînant son lacet préféré pour qu'il parte en chasse. Ni le voir fasciné par la ratte de Romain (qu'il ne s'est pas décidé à manger en 10 mois !), ni le découvrir couché sur une pile de linge propre en saison de perte de poils. Ni essuyer mes larmes dans son pelage, ni tailler ses griffes pendant qu'il ronronne, ni lui faire la brouette. Plus besoin de changer sa litière, de rentrer à la maison pour le nourrir. Plus de cette douce responsabilité qu'est la confiance d'un être totalement dépendant. Un être qui était à moi autant que j'étais à lui, et dont l'amour est un don, qui avait renié l'indépendance féline comme j'avais renoncé pour lui à la liberté totale. Que ceux qui pensent "ce n'est qu'un chat" aillent crever dans un coin sombre, tout de suite. C'était MON chat, et je l'aimais.

mardi 2 décembre 2003

Réception chez l'ambassadrice...

C'était prévu depuis deux semaines. Maman avait reçu des invitations et ça me tentait bien: une "discussion littéraire" chez l'ambassadrice d'Islande. Déjà, la littérature j'aime, pis l'Islande m'a donné mon prénom. Pis ça peut faire des contacts interessants, autant dans l'édition qu'à l'étranger... Pis c'est la classe d'être invité au domicile d'une ambassadrice, hein. Avenue Henri Martin dans le 16ème, celle qu'est en rouge dans le Monopoly...

Alors j'ai passé une heure à retourner désespérément mon armoire pour trouver quoi me mettre. J'ai franchement regretté de pas avoir un tailleur, ou des fringues de créateur - ouais, je m'en voulais de pas avoir une garde-robe de bourgeoise. J'ai finalement appellé Môman en lui disant que je venais pas. Morte de trouille à l'idée de me trouver ridicule au milieu de la réception. Mais elle m'a dit de venir au moins pour le cocktail, et j'ai accepté en me disant que je serais pas obligée de rester longtemps. J'ai quand même réussi à être en retard, j'ai marché sous la flotte dans cet arrondissement où tous ceux que je croisais semblaient sortir à la fois des magasines à la dernière mode et de gravures du 19ème siècle - personnages de Proust après l'heure.

J'arrivai devant l'entrée vingt minutes avant la fin du cocktail. Gênée, déjà. Et puis je vis dans le hall une femme qui rendait leurs manteaux à ceux qui partaient. Incapable soudain de faire un pas. Tentai de réunir mon culot, mon indifférence... et partis marcher, mes larmes brouillant encore mieux le paysage que la pluie. Honte, rage aussi. Ces rues trops larges, ces immeubles trop beaux, ces voitures chères, les passants aux accents affectés et aux manteaux de fourrure. Plus de kleenex dans mon sac. Il n'y a pas d'endroit dans ce quartier pour se poser cinq minutes dans la rue. M'assois sous un arrêt de bus pour me rouler une clope. Trouve du courage et une cabine pour appeler mon frère. Qui me dit que je suis bête, et ma soeur descent me chercher à l'entrée, me fait pénétrer dans ce lieu de marbre, de miroirs et de tapis onctueux. Maman m'embrasse dès que je passe la porte, me présente à l'ambassadrice qui sourit de mon prénom et remarque que mon pendentif est une rune de "S" (rien laissé au hasard, j'avoue). Romain me décomplexe en me montrant qu'il n'a pas eu le temps de passer se changer et qu'il porte, pourquoi pas, un jean troué. Eve m'offre une cigarette et son bras pour me faire faire le tour de l'appartement luxueux. Maman me présente plein de gens, notamment plusieurs (trop de) Solveig (Solveig, c'est MOI, que cela soit clair). Mon frère m'emmène près du buffet dégarni et me décrit toutes les bonnes choses qu'ils ont mangées. A un moment, je glisse à l'oreille de Maman "Et ça fait plus d'une heure que vous faites ces mondanités ?", à quoi elle répond d'un "oui" très enthousiaste mais près du rire.

Nous saluons enfin et sortons boire un verre dans le premier bar - 22 € pour deux cafés, deux bières et un thé (cherchez l'intrus), mais on avait cinq serveurs inoccuppés à proximité, quand même. Parler un peu, regarder encore les photos de Romain (oh tiens ! Des grands tirages, l'un avec Lunar comme pour de vrai, et l'autre avec moi, en "femme Mandchoue" selon Eve, en "bientôt chinoise" selon Papa, "vraiment défoncée" selon Romain (remarque évitée devant les parents, mon frère apprend la diplomatie)- enfin une drôle de photo, quoi - "je te les prends hein, tu les referas ?"). Puis souhaiter bonne soirée aux parents, se retrouver en fratrie pour la première fois depuis longtemps dans le RER, et enchaîner sur l'anniversaire de Myriam, la soeur de Lu. Qui mériterait un post pour lui tout seul mais vu que je me suis déjà assez ridiculisée dans celui-là, je me contenterai de dire que les gens étaient très gentils (ai enfin rencontré Naël à qui j'avais piqué son bol lors du séjour en Bretagne, pas de lien parce que les archives du 3rd sont tombées, tant pis pour vous fallait avoir une bonne mémoire), le Martini et le rhum très bons, que j'ai très bien visé la cuvette et que Lu m'a gentiment raccompagnée chez lui (heureusement c'était pas loin), m'a aidée à enlevé les trucs emmêlés (lacets, oui), m'a bordée avant de retourner danser (ben oui, il était... heu... ben plus de minuit quand même).

M'enfin quand même, il était pas obligé de répondre pour moi, quand on m'a demandé ce que je faisais dans la vie, "elle va à des réceptions chez des ambassadeurs". Y'en avait qu'une, et donc, c'est une ambassadrice, non mais !

lundi 1 décembre 2003

Encore un de trop...

par Nacara

J'ai essayé de comprendre. Ecrire vraiment, pas des mots biaisés, pas une semi-franchise pour garder les secrets et ne pas me montrer, mais la vérité, bien que toute relative, la plus vraie qui puisse sortir de moi. Disséquée, mise à plat, en vrac et incomplète. Insupportable. J'ai posé le stylo qui était devenu trop scalpel pour être honnête, et j'ai essayé de ne plus y penser, mais des fantômes tournent dans ma tête pour que je leur rende leur place.

Celui et celle qui furent si proches et sont maintenant si loin.

Celui sur qui je crois avoir le droit de me reposer, mais que j'ai peur de voir s'enfuir.

Celle qui s'éloigne par crainte, qui sollicite ma confiance mais me refuse la sienne.

Celui qui par ses silences croit me protèger et me blesse chaque fois un peu plus.

Celle qui se croit plus forte que moi alors qu'elle ne vaut pas mieux.

Celui qui prétend cacher son égoisme sous un vernis d'altruisme bien peu efficace.

Et cette intangibilité même qui m'est tellement pénible. Ca me fait souffrir et pourtant j'y reviens toujours. Je dois être stupide.

Chroniques du bonheur ordinaire

J'aime, quand j'ai un gros creux, remplir un bol presque à ras-bord et verser le lait d'une main en maintenant les céréales en place de l'autre pour pas que ça déborde.

Quand j'ai juste une petite fringale, choisir une petite coupelle mais manger quand même avec une grande cuillère.

Prendre une douche en moins de cinq minutes (lavage de cheveux inclus) comme à l'internat, me savonnant très vite, toujours dans le même ordre : ventre, seins, sexe, bras gauche puis droit, dos, fesses, cuisses, mollets et pieds droit puis gauche.

Faire couler un bain brûlant et avoir besoin de cinq minutes pour y entrer, et y rester en rajoutant de l'eau chaude jusqu'à la fin de mon livre.

Ecouter de la musique très fort, en chantant faux mais fort aussi, et parfois en improvisant des danses dédiées à moi seule.

Ecouter de la musique tout doucement avant de dormir, si bas qu'il me faut tendre l'oreille et deviner les notes.

Ecouter de la musique en concert, près de la scène toujours, ne pouvant m'empêcher de chanter à mi-voix, entrer en transe et n'en sortir que plusieurs heures après - marcher dans les rues que les néons éclairent en laissant résonner les notes dans ma tête, et sur les murs losqu'elles m'échappent.

Ecouter de la musique de merde en boîte (une fois par an), juste pour danser, aller sur la piste et m'en échapper seulement le temps de boire une gorgée de Martini (je devrais me faire rémunérer, vu toute la pub que je leur fais) ou de taxer une clope. Etre une reine ces soirs où je l'ai décidé, danser comme on expulse un trop-plein, juste pour le plaisir, mais constater que tous les hommes ont les yeux fixés sur moi. Les ignorer.

Lire en marchant lorsque je connais le trajet, pour ne pas faire de coupure.

Marcher en détaillant chaque chose, pleinement présente dans l'instant.

Faire les gestes si habituels de la cérémonie du thé pour l'offrir à des amis.

Jeter un coup d'oeil dans le frigo et improviser une recette qui utilise tous les restes.

Rentrer chez moi quand Romain a invité des amis et être accueillie par des saluts chaleureux, un thé, une cigarette qui fait rire.

Rentrer seule chez moi, mettre "de la musique avant toute chose" (Verlaine encore, l'Art Poétique), puis enlever mes chaussures, lancer un thé (pas trop fort, oui je sais)... soirée tranquille avec moi-même.

Rentrer juste retrouver mon frère, lui faire un bisou et l'entendre jouer de la guitare pendant que je trie dans mon sac ce qui reste de mes expéditions de quelques jours.

Rentrer avec Lunar chez moi, et sa tête surprise parce que la porte est fermée : l'appart-tribu est rarement vide, et jamais verrouillé quand on y est.

Etendre le linge, méthodiquement (ceux qui pensent "maniaquement" sont priés de la penser tout bas), chaque rangée du séchoir l'une après l'autre, chaque vêtement bien à plat, les chaussettes par paires côte à côte.

Enchaîner tellement de lessives que je suis obligée d'en suspendre dans tout l'appart, ne laissant échapper aucun radiateur, aucune poignée de porte, chaque dossier de chaise confortablement revêtu d'un pull. Ca plaît pas à mes colocataires en général ;)

Me déshabiller le soir pour me glisser dans des draps propres, et miauler pour appeler le chat. Entrouvrir la couette et l'aider à trouver une position confortable.

Lorsque je l'ai oublié, le sentir sauter sur l'oreiller et tourner jusqu'à ce que je l'accueille près de moi.

Retrouver dans la tour à CD un disque que je n'ai pas écouté depuis longtemps.

Ecouter le même album en boucle pendant de longues périodes, jusqu'à sentir chaque note dans ma moëlle, jusqu'à connaître chaque mot.

La pause clope entre deux tournées d'une grosse vaisselle.

Nettoyer soigneusement la table de la cuisine avant d'y étaler tous mes papiers et outils pour confectionner du papier à lettres, et découper, coller, agencer frénétiquement pendant trois heures.

Traîner longtemps dans mon lit le dimanche matin après le premier réveil. Lire parfois, ou bien me masturber et me rendormir tranquilement.

Me blottir presque endormie contre celui qui a partagé ma nuit et nous laisser glisser du sommeil aux câlins.

Inviter des gens à la maison et passer mon temps à leur proposer à boire et à manger. Ou alors leur faire sentir qu'ils sont chez eux, si bien qu'ils proposent de ramener quelque chose lorsqu'ils vont se servir dans la cuisine.

Disposer encore un peu mieux les babioles sur mon étagère, en profiter pour ouvrir toutes les boîtes et faire un petit voyage dans mon passé.

Regarder par la fenêtre toutes les lumières allumées aux fenêtres des immeubles qui nous entourent, et imaginer la vie de leurs occupants.

Me promener nue en sortant du bain, jusqu'à être sèche.

Lorsque je suis seule, aller aux toilettes sans fermer la porte - en plus ça évite que le chat miaule devant.

Toujours, en profiter pour lire une millième fois les annonces de marabouts dont on a recouvert un mur.

Traîner deux ou trois jours, en peignoir ou en djellabah, cheveux sales et pas coiffées, pas épilée. Roots.

M'épiler et me sentir toute lisse et sortir mes jupes et débardeurs, et savoir qu'aujourd'hui je suis belle.

Dormir rideaux ouverts et être réveillée par les rayons du soleil, sourire au rendez-vous.

Dormir rideaux fermés et ne pas connaître l'heure en ouvrant les yeux.

Laisser la porte entrouverte lorsque je me lave pour que mon chat puisse s'assoir sur le seuil et vérifier qu'il ne m'arrive rien.

Me laver en fermant la porte pour pouvoir me caresser dans le bain.

Flipper lorsque je vois l'heure dans la salle de bains et me rassénerer en sortant parce que j'oublie toujours qu'on ne l'a pas réglée après le dernier changement d'heure.

Allumer toutes les lumières même si je suis seule parce que ma présence emplit toutes les pièces.

Rester dans la pénombre, à la lueur des bougies, et me faire un cocon tiède de l'obscurité.

Tourner la page du calendrier au début du mois. Ou laisser la même parce que la suivante est moins jolie. Ou réaliser le vingt qu'on n'y a pas pensé.

Petits riens du tout qui constituent la majeure partie de nos vies. Si l'on n'y prête pas attention, on s'enlève plein d'heures d'un coup. Moi j'y trouve du plaisir - gestes futiles, parce qu'il faudra les recommencer sans cesse, et platement matériels... gestes vains, nécessaires, chiants si on le veut. Souvent ils m'enchantent. C'est beau aussi, le quotidien.

Présentation

J'ai commencé à ouvrir les pages de mon carnet intime lors de mon passage à la non-exclusivité amoureuse, parce que j'avais besoin de poser des mots sur ce que je vivais et de le partager. J'aime garder ici des traces de moi, parce que je suis souvent surprise de retrouver longtemps après quelles furent mes pensées et émotions à un moment donné... ma démarche ignore toute pudeur, soyez prévenu.e.s. Ainsi donc, voici mes amours, ma vie en squat, et quelques réflexions politiques.